Deux essais de phase III montrent l'efficacité du benralizumab dans l'asthme sévère

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Publié le 05/09/2016

Deux essais cliniques de phase III, dont les résultats sont présentés lors du congrès de l'ERS (European Respiratory Society) ce 5 septembre et publiés parallèlement dans le « Lancet », montrent que le benralizumab d'AstraZeneca, un anticorps monoclonal qui a pour spécificité de cibler le récepteur alpha de l'interleukine-5 (IL-5) (et non l'IL-5 directement), permet de réduire les exacerbations dans le traitement de l'asthme sévère à éosinophiles.

Cette pathologie touche 10 % des 315 millions d'asthmatiques dans le monde, dont 40 % d'entre eux restant mal contrôlés par un traitement associant un corticoïde inhalé à dose élevée et un bronchodilatateur bêta-2 mimétique d'action longue.

Signe des espoirs suscité par la génomique en pneumologie (notamment depuis la reconnaissance du taux d'éosinophiles comme biomarqueur), le groupe AstraZeneca annonçait dès le printemps 2016 des résultats très encourageants dans ces deux essais cliniques de phase III, SIROCCO et CALIMA.

Jusqu'à - 51 % de réduction des taux d'exacerbation

Ont été inclus quelque 2 511 patients (1 205 dans l'essai SIROCCO et 1 306 dans CALIMA) de 12 à 75 ans souffrant d'asthme sévère et présentant au moins deux exacerbations l'année précédant l'inclusion.

Deux posologies ont été testées et comparées à un placebo : 30 mg toutes les 4 semaines, ou 30 mg toutes les 4 semaines pour les 3 premières injections, puis 8 semaines, pendant 56 semaines pour SIROCCO, et 60 semaines pour CALIMA – cet essai regroupant des patients moins sévères (plus jeunes et ayant connu moins d'exacerbations).

Chez les patients présentant un taux sanguin d'éosinophiles supérieur à 300 cellules/µL, le benralizumab se révèle significativement efficace avec une baisse significative du taux d'exacerbation annuel. Dans l'essai SIROCCO (809 patients avaient un taux d'éosinophiles très élevé), le taux annuel diminue 45 % par rapport au placebo (0,73 contre 1,33) et de 51 % (0,65 contre 1,33) dans le schéma à 8 semaines. Dans l'essai CALIMA, ces taux ont baissé respectivement de 36 % et de 28 %.

Meilleure qualité de vie

Le benralizumab s'est révélé particulièrement efficace chez les patients les plus sévères ayant connu plus de 3 exacerbations l'année précédant l'inclusion, dans les deux études, a souligné le Pr J. Mark Fitzgerald (Severe Asthma Clinic, VGH, University of British Columbia) lors de la présentation des résultats. La diminution des exacerbations est ainsi de 57 % pour le schéma à 8 semaines dans SIROCCO et 51 % dans CALIMA, et de 46 % pour le schéma sur 4 semaines dans SIROCCO et 45 % dans CALIMA. Et le temps avant la première exacerbation s'étire, avec une diminution de 37 à 40 % de probabilité d'en connaître une dans l'essai SIROCCO.

En outre, le benralizumad augmente significativement la fonction pulmonaire chez les patients avec un taux d'éosinophiles supérieur à 300 cellules par µl (jusqu'à + 159 ml dans le schéma à 8 semaines, dans l'essai SIROCCO) et présentant un plus fort risque d'exacerbation, notamment dès la première injection.

Le schéma avec une injection toutes les 8 semaines réduit signification le score total des symptômes quotidiens d'asthme par rapport au placebo. « Le traitement, moins intrusif, apporte ainsi une nette amélioration de la qualité de vie pour les patients avec moins d'hospitalisations », a commenté le Pr Fitzgerald.

Les effets indésirables sont similaires, en termes de nature et de fréquence, à ceux observés avec le placebo. La publication du « Lancet » rapporte l'aggravation de l'asthme (13 % dans SIROCCO), et des rhinopharyngites (12 % dans SIROCCO, autour de 20 % dans CALIMA). Trois effets indésirables graves ont été reliés par les auteurs aux traitements dans SIROCCO dans la cohorte à 4 semaines (angéite granulomateuse allergique, attaque de panique et paresthésie), et 4 dans l'essai CALIMA (urticaire, zona, asthme).

« Le mécanisme d'action anti-éosinophiles du benralizumab en fait une nouvelle option thérapeutique pour les patients présentant un asthme sévère mal contrôlé », concluent les chercheurs.

Le groupe AstraZeneca devrait déposer un dossier d'autorisation de mise sur le marché européen d'ici à la fin de l'année 2016. 


Source : lequotidiendumedecin.fr