Le message du nouveau président

Ensemble, nous devons mieux dépister la BPCO !

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Publié le 22/02/2018
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Crédit photo : PHANIE

Le nouveau président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) souhaite un dialogue plus large avec les médecins généralistes. « Nous avons de nombreuses collaborations à développer, dans l’intérêt des patients et chacun à notre niveau : les généralistes en première ligne et les pneumologues en tant que spécialistes de recours », indique le Pr Nicolas Roche, pneumologue à l’hôpital Cochin à Paris.

Un premier axe de collaboration concerne le repérage des patients souffrant de BPCO, que les généralistes sont souvent les premiers à voir dans leur cabinet. « Il y a une dizaine d’années, il y avait eu un grand mouvement pour mobiliser les généralistes, mais aussi les pharmaciens pour proposer une mesure du souffle à toutes les personnes fumeuses de plus de 40 ans. Cela avait été un échec total car en fait, personne ne savait très bien ce que pouvait apporter un traitement à ces personnes asymptomatiques, au-delà de l’aide à l’arrêt du tabagisme », souligne le Pr Roche, qui préconise aujourd’hui une autre approche.

« La BPCO est une pathologie très insidieuse, dans son développement symptomatique. Pour faire un premier repérage, il suffit de poser quelques questions simples à des patients à risque, c’est-à-dire, là encore, les personnes fumeuses de plus de 40 ans : est-ce que vous toussez, crachez, avez des expectorations ? Est-ce que vous êtes essoufflé dans la vie courante ? Est-ce que vous avez souvent des bronchites ? À partir de ce premier repérage, l’étape suivante est de mettre en évidence une obstruction bronchique. Et le seul moyen d’y parvenir est de faire une spirométrie », indique le Pr Roche.

Une spirométrie de qualité

Qui doit faire la spirométrie ? Cet examen doit-il être réservé aux seuls pneumologues ou les médecins généralistes peuvent-ils s’y engager ? « Aujourd’hui, on estime que plus des trois quarts des patients BPCO ne sont pas diagnostiqués. S’ils devaient tous arriver demain chez les pneumologues pour faire une spirométrie, il est certain que nous risquerions d’être débordés. Mais si cela se fait de manière progressive, c’est faisable. Pour le reste, les généralistes peuvent très bien s’équiper d’un spiromètre dont le coût est relativement modique. Mais ensuite, il faut être capable de faire un examen de qualité. Une spirométrie, ce n’est pas aussi simple qu’une mesure de la pression artérielle. Il faut savoir bien maîtriser la manœuvre que doit faire le patient pour que la mesure soit correcte. C’est un examen qui demande à être bien formé et une pratique régulière pour ne pas perdre la main », indique le Pr Roche.

Selon le président de la SPLF, la pratique d’une spirométrie est peut-être plus facile dans des maisons ou des pôles de santé, plutôt que dans un cabinet avec un seul généraliste. « Il faut aussi voir ce que vont donner les expérimentations, actuellement menées sous l’égide de l’Assurance-maladie, des instances pneumologiques dont la SPLF et du Collège de médecine générale. Dans le cadre de ces expérimentations, des spirométries sont faites par des généralistes avec un contrôle qualité à distance assuré par des pneumologues », indique le Pr Roche.

Un dialogue à tous les étages

Cette collaboration pourrait aller au-delà de la BPCO et concerner d’autres pathologies. « Rechercher des facteurs de risque respiratoire à partir de questions simples (toux, essoufflement…) peut permettre de repérer un asthme ou d’autres pathologies plus rares », indique le Pr Roche, en ajoutant sa volonté de développer un dialogue avec les généralistes à un « niveau qui soit aussi local ou régional ».

Au-delà des réflexions et des expérimentations sur les stratégies de diagnostic et de prise en charge, les pneumologues et les médecins généralistes doivent également collaborer de plus en plus étroitement dans les domaines de la recherche, l’enseignement, la formation continue.

Entretien avec le Pr Nicolas Roche, président de la SPLF et pneumologue à l’hôpital Cochin à Paris

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9642