Asthme sévère

La thermoplastie, une thérapie prometteuse

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Publié le 19/12/2016
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thermoplastie

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Crédit photo : PHANIE

Déjà utilisée depuis 2007 au Canada et aux États-Unis, la thermoplastie bronchique est une technique assez récente qui a fait son apparition en France, fin 2012.

Son but est de réduire la masse du muscle bronchique, qui est augmentée chez les patients asthmatiques. La technique est simple. Sous anesthésie générale, on introduit un fibroscope muni d'un cathéter dans les poumons. Le cathéter est, quant à lui, relié à un générateur de radio fréquence, qui libère au contact des parois des bronches de calibre supérieur à 3 mm, une énergie thermique contrôlée à 65 °C grâce à 4 électrodes qui se déploient. Le traitement s'étale sur trois séances de 40-45 minutes en moyenne, séances séparées les unes des autres de trois semaines environ. Lors de la première séance, on traite le lobe inférieur droit ; lors de la deuxième séance, le lobe inférieur gauche et lors de la troisième séance, le lobe supérieur. Seul le lobe moyen n'est pas traité. D'abord développée chez l'animal, la thermoplastie permet de réduire la quantité de muscle lisse dans les bronches et de réduire l'hyperréactivité bronchique. Chez l'homme, trois études cliniques randomisées ont permis d'évaluer son efficacité. La première étude, publiée dès 2007, a confirmé l'effet de la thermoplastie chez des patients asthmatiques modérés. La deuxième étude, menée chez 32 patients atteints d'asthme sévère a, quant à elle, confirmé la bonne tolérance de cette méthode. Plus récemment, la troisième étude, l'étude AIR 2, réalisée chez 290 patients asthmatiques sévères a comparé la thermoplastie à un groupe contrôle de 90 patients chez qui la procédure était réalisée mais sans activation. Dans cette dernière étude, au bout d'un an, il y a eu une amélioration significative de la qualité de vie et une diminution importante des exacerbations.

Dans l'arsenal thérapeutique

L'ensemble de ces résultats a permis à la thermoplastie d'obtenir l'agrément de la Food and Drug Administration (FDA) et le label CE. En France, les résultats de l'étude bicentrique Asmatherm (Paris Bichat et Marseille) ont été publiés en 2014. Cette étude, réalisée chez des patients asthmatiques sévères, en impasse thérapeutique, ayant déjà reçu de l'omalizumab, mais continuant à présenter en moyenne 3 exacerbations sévères par an, a montré des résultats très significatifs. La thermoplastie a permis d'obtenir : une diminution moyenne de 70 % de l'épaisseur du muscle lisse, une diminution importante du nombre d'exacerbations, une amélioration du contrôle de l'asthme et une diminution de la prise de corticoïdes oraux. Pour le Pr Michel Aubier (Hôpital Bichat, Paris), « la thermoplastie bronchique a sa place dans l'arsenal thérapeutique de la prise en charge de l'asthme sévère, et est d'autant plus efficace que l'asthme est sévère et que l'hypertrophie musculaire lisse bronchique est importante ». Cependant, parmi les patients ayant terminé l'étude Asmatherm à un an, seuls 65 % d'entre eux étaient répondants. La question qui se pose est de comprendre et de savoir pourquoi certains patients répondent à la thermoplastie, et d'autres non. Afin de répondre à cette interrogation, la même équipe de recherche (Paris Bichat et Marseille) met en place l'étude Evatherma. À la suite de ces premiers résultats, la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis un avis favorable pour la thermoplastie bronchique chez les patients avec un asthme sévère. La HAS a également demandé des études complémentaires avec l'ouverture d'un registre, afin de déterminer quels patients répondront mieux aux différentes thérapies. Plusieurs centres vont participer à ce registre : l'hôpital Bichat de Paris, l'hôpital Nord de Marseille, les CHU de Nantes, de Toulouse, de Strasbourg et l'hôpital américain de Paris. De nombreux résultats d'études internationales sont également attendus.

Dr Brigitte Vallois

Source : Le Quotidien du médecin: 9544