La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie qui débute au niveau des cellules épithéliales alvéolaires, à l’interface entre le milieu intérieur et extérieur. Depuis plus de 30 ans, un possible rôle causal ou facilitateur d’agents infectieux a été évoqué, qu’il s’agisse de virus ou de bactéries, ce qui remettrait d’ailleurs en question le caractère idiopathique de la fibrose. De nombreux travaux ont identifié la présence de virus de la famille herpès dans le poumon au cours de la FPI, et très récemment la présence d’un virus herpès simien, le virus saimiri. Physiopathologiquement, l’infection virale chronique est un facteur d’activation des cellules épithéliales, qui pourraient alors sécréter de nombreux médiateurs susceptibles de recruter et activer des cellules mésenchymateuses responsables du développement de la fibrose. Le virus pourrait constituer un facteur aggravant, comme cela est suggéré par des travaux expérimentaux menés sur un modèle murin de fibrose : chez ces souris, l’infection virale aggrave la fibrose et augmente le risque d’exacerbation. En outre, un polymorphisme génétique portant sur le Toll like récepteur (TLR 9) impliqué dans la signalisation au système immunitaire de la présence d’agents pathogènes, est associé à une évolution plus rapide de la fibrose.
Des bactéries impliquées
Le microbiome alvéolaire des sujets atteints de FPI est qualitativement le même que celui de sujets témoins, mais la charge bactérienne est plus élevée. « Et plus cette charge bactérienne s’accroît, plus le pronostic est péjoratif », précise le Dr Bruno Crestani. Ces données ont ouvert la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques, fondées sur l’administration d’antibiotiques. Une étude réalisée au Royaume-Uni a évalué l’impact d’un traitement de 12 mois par sulfaméthoxazole-triméthoprime. Ses résultats ont été négatifs, les auteurs n’ayant pas observé d’impact du traitement sur le déclin de la fonction respiratoire. « Mais dans le groupe de patients ayant réellement bien suivi le traitement, les auteurs rapportent une amélioration de la survie », indique le Pr Crestani. Une étude de phase 3 versus placebo est en cours.
Une autre équipe teste actuellement l’efficacité de l’azithromycine, qui pourrait agir en modifiant la charge bactérienne.
Le rôle des virus respiratoires classiques dans le déclenchement des exacerbations suscite également des interrogations. Il semble que les exacerbations, qui se traduisent par une évolution plus rapide de la fibrose, surviennent le plus souvent en période hivernale, quelques semaines après une infection virale.
« De nombreuses questions demeurent sur le rôle des agents pathogènes dans la physiopathologie de la FPI, maladie dans laquelle les vaccinations antigrippale et antipneumococcique sont recommandées », rappelle le Pr Bruno Crestani.
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