Les bronchodilatateurs inhalés sont inefficaces chez des patients tabagiques symptomatiques mais non BPCO

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Publié le 05/09/2022
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Crédit photo : PHANIE

Les bronchodilatateurs par voie inhalée sont peu efficaces chez les patients présentant des symptômes respiratoires et des antécédents de tabagisme, mais ne répondant pas aux critères pulmonaires de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). C'est ce que révèle l'étude étude Rethinc* parue dans le « New England Journal of Medicine ». Ces résultats ont été présentés à l'occasion du congrès international de l'European Respiratory Society qui se tient du 4 au 6 septembre à Barcelone.

La BPCO est une maladie pulmonaire qui se caractérise par une obstruction des voies respiratoires, dont les symptômes (toux, respiration sifflante, essoufflement, production de mucus…) peuvent être améliorés par des bronchodilatateurs par voie inhalée. Le diagnostic est posé par la spirométrie, qui permet d'évaluer la fonction pulmonaire.

Amélioration dans les deux groupes

« Nous avons supposé que ces médicaments fonctionnaient chez les patients qui ne répondent pas aux critères de la fonction pulmonaire pour la BPCO et que leurs symptômes liés au tabagisme pourraient être atténués par les inhalateurs, mais nous n'avons jamais vérifié, a déclaré Meilan Han, première autrice. Nous savons maintenant que ces médicaments ne fonctionnent pas pour ces patients. »

Dans cet essai randomisé, conduit en double aveugle, 535 adultes de 40 à 80 ans, présentant des antécédents de tabagisme, des symptômes de BPCO mais ayant une fonction pulmonaire préservée (évaluée par spirométrie), pris en charge dans 20 centres médicaux américains, ont été inclus. Au cours des 12 semaines de l'étude, les participants ont reçu deux fois par jour un traitement bronchodilatateur associant indacaterol et glycopyrrolate ou bien un placebo, par inhalation.

L'évolution clinique des participants a été évaluée à l'aide du test St. George’s Respiratory Questionnaire. Une amélioration a été observée dans les deux groupes, mais sans différence significative. Dans le groupe de patients ayant reçu le traitement, ils étaient 56 % à être améliorés contre 59 % des patients sous placebo.

L'importance de réaliser une spirométrie

Pour Meilan Han, ces résultats mettent en évidence l'importance de bien diagnostiquer les affections pulmonaires, et en particulier de réaliser une spirométrie qui permet d'identifier une BPCO. Selon elle, ce test de la fonction pulmonaire n'est pas assez utilisé en pratique clinique. L'étude pointe aussi le besoin de nouveaux traitements pour ces patients non BPCO qui ne bénéficient pas des bronchodilatateurs par voie inhalée.

« Parce que la toux et la production de mucus apparaissent prédominantes chez ces patients, nous pensons que les thérapies qui ciblent la production de mucus dans les voies respiratoires peuvent être efficaces », a indiqué Prescott Woodruff, auteur principal de l'étude.

Les auteurs rappellent par ailleurs que l'arrêt du tabac est le meilleur moyen de prévenir la BCPO ou les symptômes qui s'en rapprochent. « En plus d'encourager l'arrêt du tabac, les médecins peuvent aider les patients qui ne répondent pas aux critères de fonction pulmonaire de la BPCO en travaillant avec eux pour résoudre tout autre problème sous-jacent, comme le surpoids et l'obésité, l'insuffisance cardiaque ou d'autres problèmes pulmonaires », lit-on dans un communiqué des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), qui ont financé l'étude.


Source : lequotidiendumedecin.fr