Ne pas passer à côté d'une bronchopneumopathie chronique obstructive

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Publié le 03/07/2020
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La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est caractérisée par un syndrome obstructif des bronches irréversible. C'est une maladie liée au tabagisme. En France, plus de la moitié des BPCO ne sont pas diagnostiquées.
Apprécier la fonction respiratoire du patient

Apprécier la fonction respiratoire du patient
Crédit photo : Phanie

La définition clinique de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) repose sur la présence d'une toux et d'expectoration tous les jours pendant trois mois durant trois années chez un sujet fumeur de plus 50 ans. L’association toux - expectoration chez les fumeurs ne doit donc pas être banalisée : elle doit toujours faire suspecter une BPCO

Le spécialiste joue un rôle essentiel pour confirmer le diagnostic de la BPCO. Car ce dernier repose sur la mise en évidence du syndrome obstructif irréversible par des épreuves fonctionnelles respiratoires.

Le médecin généraliste joue un rôle clé dans l’accompagnement pour le sevrage tabagique et les autres mesures à visée préventive lorsque le diagnostic de BPCO est confirmé.

Les questions à se poser

• Face à un patient avec toux et expectoration : s’agit-il d’une BPCO ?

• Comment aborder efficacement sevrage tabagique et bonne hygiène de vie ?

• Comment faire en sorte que le patient soit réceptif aux messages de prévention ?

Ce que le médecin généraliste doit faire

• Faire un interrogatoire précis du patient :

symptomatologie : toux, expectoration, dyspnée, exacerbations ;

historique du tabagisme ;

hygiène de vie (activité physique, nutrition, etc.) ;

recherche de facteurs d’exposition professionnelle.

• Réaliser une spirométrie si cabinet médical doté d’un spiromètre portable pour apprécier la fonction respiratoire du patient.

• Faire un bilan des comorbidités liées au tabagisme :

prescrire une radio pulmonaire et un scanner thoracique ;

bilan cardiovasculaire (examen clinique, électrocardiogramme) – si besoin, référer au cardiologue pour bilan complémentaire ;

bilan des autres facteurs de risque de la maladie métabolique.

• Référer le patient à un pneumologue

Le spécialiste :

pose le diagnostic de BPCO grâce aux épreuves fonctionnelles respiratoires (base du diagnostic) ;

apprécie l’impact de la BPCO sur la vie du patient ;

initie le traitement (bronchodilatateurs de longue durée d’action dans les stades les plus précoces, association bronchodilatateurs/corticoïdes inhalés dans les formes les plus évoluées) ;

explique au patient le plan d’action personnalisé à mettre en œuvre en cas d’exacerbation.

• Assurer la prise en charge non thérapeutique du patient et son suivi : tabagisme, variations pondérales, dyspnée et autres symptômes, fréquence des exacerbations, maintien des acquis à court et moyen terme, qualité de vie, accompagnement psychologique et médico-social, accompagnement de la personne aidante

• Sensibiliser au sevrage tabagique

• Promouvoir les vaccinations antigrippale et antipneumococcique si le patient a plus de 65 ans.

• S'assurer également de l’absence de foyers infectieux dentaires et ORL (portes d’entrée pour les infections).

• Proposer une rééducation respiratoire (kinésithérapie, réentraînement à l'effort, sevrage tabagique, éducation thérapeutique) en cas d’une intolérance à l’exercice ou d’une diminution des activités quotidiennes et à tout patient dyspnéique.

Elle peut être proposée dans un établissement de santé, en ambulatoire ou à domicile, les modalités et la durée seront adaptées en fonction de la sévérité clinique et de la disponibilité des structures pour répondre aux souhaits et contraintes du patient.

• Insister sur les mesures hygiénodiététiques :

conseiller de pratiquer une activité physique régulière et lutter contre la sédentarité ;

établir un programme diététique en fonction du patient : favoriser la perte de poids chez les patients en surpoids et la prise de poids chez les patients en sous-poids ;

promouvoir une alimentation saine.

Les programmes d’éducation thérapeutique sont pertinents pour une meilleure adhésion du patient aux mesures préventives et à la rééducation respiratoire.

• Assurer le suivi thérapeutique de la BPCO et des comorbidités :

expliquer le maniement des dispositifs d’inhalation pour une utilisation appropriée ;

s’assurer de l’observance du traitement ;

référer au spécialiste (pneumologue) si le patient présente des exacerbations fréquentes ou autres signes d’aggravation de la BPCO (dyspnée).

À retenir

• Penser au dépistage de la BPCO.

• Lutter contre le tabagisme.

• Promouvoir une bonne hygiène de vie (activité physique, nutrition, etc.).

• Proposer un programme de réhabilitation respiratoire à tout patient dyspnéique.

• Maintien des acquis à court et long terme

D’après un entretien avec le Pr Christos Chouaid, professeur de pneumologie (CHIC Créteil)
Guide de parcours de soins BPCO. HAS novembre 2019
Livre Blanc sur la BPCO. Fondation du Souffle 2017

Dr Isabelle Stroebel

Source : Le Quotidien du médecin