Nouveau coronavirus : une transmission probablement faible

Publié le 13/05/2013
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Crédit photo : AFP

Après l’identification de deux cas d’infection liée au nouveau coronavirus (NCoV) – chez un patient de retour d’un voyage dans les Émirats arabes unis et chez un sujet contact ayant partagé la chambre du malade –, la vigilance s’est accrue, avec la mise en place par les autorités sanitaires de mesures de surveillance et d’éviction.

Pour les infectiologues et les épidémiologues, on est probablement en face d’un virus à transmission « plutôt faible », mais avec une virulence (capacité d’entraîner une pathologie grave), « potentiellement forte ».

Un comportement très proche du SRAS

Il y a encore une dizaine d’années, les coronavirus étaient connus pour être à l’origine de rhumes - ils circulaient aussi dans le monde animal - jusqu’à ce qu’ils commencent à faire parler d’eux dans des pathologies graves à l’occasion du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le nouveau coronavirus (NCoV) identifié en septembre 2012, bien que différent de celui du SRAS a un comportement très proche, avec une symptomatologie respiratoire à potentiel de gravité.

À ce jour, les sujets infectés sont des adultes, qui présentent des comorbidités dans la majorité des cas. C’est le cas des deux patients français (l’un est sous corticothérapie et l’autre est immunodéprimé).

La transmission nécessite des contacts rapprochés, soit avec des membres de la famille, soit avec des membres du personnel soignant.

Les deux patients français hospitalisés à Lille sont sous assistance respiratoire et leur pronostic vital est « engagé », a déclaré le Pr Daniel Mathieu, Chef de service de réanimation lors d’un point presse ce lundi 13 mai. « Il existe aussi des chances raisonnables qu’ils puissent s’en sortir », estiment les soignants.

Un taux de létalité de 50 %

Avec 34 cas dans le monde notifiés à l’OMS en 10 mois, « l’exploration épidémiologique est réduite », souligne le Pr Arnaud Fontanet, responsable de l’unité de recherche en Épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut Pasteur.

Toutefois, selon les observations faites sur ce très petit nombre de cas, le NCoV apparaît moins transmissible que le virus du SRAS. Il est à l’origine jusque-là uniquement de cas sporadiques. À ce jour en France, ont été identifiés un cas index et un cas secondaire. Le taux de létalité est élevé, environ de 50 % pour ce que l’on en connaît, avec 18 décès sur 34 cas.

On estime que la transmission se fait uniquement à la période symptomatique, par contact aérien rapproché. Et qu’il n’y a pas de transmission si le sujet n’est pas visiblement malade.

Dans le cas du SRAS, « il n’y avait pas de forme asymptomatique, ce qui avait aidé à la maîtrise de l’épidémie », le Pr Fontanet. Pour le NCoV on ne sait pas si des formes pauci-symptomatiques existent ou même des formes asymptomatiques. Seuls les résultats d’une enquête systématique permettraient de savoir d’il y a des séroconversions. Les sujets étaient tous symptomatiques au moment où ils ont été pris en charge. Une étude est en cours. « Peut-être est-on passé à côté de formes bénignes », souligne l’infectiologue. Cela permettra de le savoir.

5 cas d’insuffisance rénale aiguë

Il y a avec le NCoV des insuffisances rénales aiguës (5 cas), ce qui est inhabituel par rapport au SRAS.

Le diagnostic est donné par PCR demandée en urgence, avec des résultats obtenus en quelques heures. Les diagnostics sont tous faits au Centre national de référence de l’Institut Pasteur.

La prise en charge est symptomatique, avec surveillance respiratoire et assistance extracorporelle le cas échéant.

Dans le cas du SRAS, la ribavirine et l’interféron avaient montré une efficacité in vitro, mais il n’y avait pas eu d’études humaines pour confirmer, ou laissant entendre qu’un traitement est mieux qu’un autre.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr