Sevrage tabagique à Toulouse

Un accompagnement innovant et pluridisciplinaire

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Publié le 11/12/2017
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tabac sevrage

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

16h, un après-midi banal dans le service d’addictologie de la clinique des Cèdres à Cornebarrieu près de Toulouse.

Pourtant depuis quelques semaines, les équipes de Sylvain Balester Mouret médecin addictologue, y animent un programme d’arrêt du tabac innovant et encore peu développé en France. Proposé en hospitalisation de jour, il repose sur un accompagnement pluridisciplinaire par des médecins, infirmiers, psychologues, diététiciens, enseignants en activité physique ; et utilise des théories comportementales comme le mindfulness. « Jusqu’à présent je n’avais réalisé ce genre de prises en charge que dans le cadre d’addictologies liées à l’alcool et aux drogues dures et il me paraissait tout à fait intéressant de les appliquer à la tabacologie », explique le Dr Balester-Mouret, car en tabacologie on se limite souvent à l’intimité psychique des gens, or ce qui compte c’est de se confronter aux autres. »

Trois séances consacrées au sevrage

Il a donc conçu un programme en plusieurs temps avec deux premières séances consacrées à la motivation, trois au sevrage et la dernière au maintien. Les patients viennent d’eux-mêmes ou sont adressés par leur médecin généraliste mais le programme est destiné à la population générale qui n’a pas encore de complication.   

Aujourd’hui Annie, Franco et Marie* s’apprêtent à démarrer leur 3e séance, animée par la psychologue Anaïs Scrémin et Annabelle Bily, infirmière en tabacologie. « Quoi de neuf depuis la semaine dernière ? » interroge cette dernière. « Et bien, j’ai fumé ma dernière cigarette lundi dernier à 14h. Depuis j’ai des envies, c’est normal, mais j’arrive à les surmonter ! » lance Annie qui n’en est pas à sa première tentative. « Bravo ! Pourtant à ce stade du programme, on n’exige pas l’arrêt du tabac », encouragent les soignants.

Tout aussi motivés Franco et Marie, eux, n’ont pas encore tout à fait lâché. « J’ai quand même supprimé la cigarette du soir, celle que je fumais avant d’aller au lit », dit Franco. Encouragements, dédramatisation, dans cette première séance consacrée au sevrage, les deux spécialistes s’efforcent de cultiver la motivation des patients. « Ce qui compte c’est le but final, et ce n’est pas grave si l’on n’arrive pas à tout arrêter d’un coup, il faut que chacun fasse son chemin personnel », rappelle la psychologue. Pendant deux heures trente, elles rappellent ce qu’est la dépendance et ses différentes manifestations sur le comportement, le physique, le psychique.

Reprendre de la maîtrise et du contrôle

Chacun évoque aussi sa propre expérience du manque et c’est à ce moment qu’intervient la thérapie du Mindfulness Anaïs Scrémin demande aux participants de s’installer confortablement, de fermer les yeux et de se projeter sur une envie de cigarette. « Ils apprennent ainsi à prendre conscience de leur respiration et ensuite on debriefe. Cette méthode permet de reprendre de la maîtrise et du contrôle, et comme le manque est différent pour chacun, il est important d’adapter le sevrage », confie-t-elle. Pour Annie, « l’intérêt du groupe c’est aussi de s’identifier et de partager quelques astuces pour mieux gérer le manque au quotidien ».

La semaine prochaine, chacun apportera un aliment de son choix pour une séance de dégustation en pleine conscience, la prochaine étape du programme. À la fin de la séance, le médecin reçoit chaque patient pour une séance de debrief individuelle, « les théories comportementales permettent de décortiquer le comportement dans le quotidien du fumeur et de dévier les situations à risque », explique-t-il. Efficace ? « Il est encore trop tôt pour le dire car le premier groupe a démarré il y a moins de six mois. Il faut patienter un peu et comparer ensuite par rapport aux programmes traditionnels qui se soldent par un taux moyen de réussite de 60 % à 6 mois. »

Marie* ce prénom a été modifié

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9626