Psychiatrie publique : les syndicats dénoncent une rupture du dialogue social et exigent la reprise des concertations

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Publié le 16/03/2023
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Crédit photo : Phanie

L'année avait bien commencé avec une rencontre entre le ministre de la Santé François Braun et les quatre syndicats de la psychiatrie publique : Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp), Syndicat des psychiatres d’exercice public (Spep), Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et Union syndicale de la psychiatrie (USP). Malgré l'absence de réponses concrètes et immédiates sur la crise sans précédent que traverse leur discipline, les psychiatres avaient trouvé une certaine écoute, après plusieurs mouvements de grève.

Deux mois plus tard, déception. « La situation actuelle est celle… d'une rupture de dialogue social alors que s'esquissaient des perspectives de concertation », écrivent ce 15 mars dans un communiqué conjoint les présidents des quatre syndicats.

Effets d'annonce et autosatisfaction

Alors qu'une série de rencontres avec le ministère de la Santé devait permettre de redonner de l'attractivité à la psychiatrie et de meilleures conditions de travail aux praticiens, les syndicats ont découvert le 3 mars dans la presse, « sans aucune concertation préalable », le bilan de la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie ». « Des jolis effets d'annonce et l'autosatisfaction, alors que les professionnels sont à genoux », dénoncent-ils.

Dans ce document, le ministère de la Santé se félicite que, lancé lors des Assises de 2021, le dispositif MonPsy (huit séances remboursées chez un psychologue sur adressage d'un médecin) rallie 2 200 psychologues (sur un vivier de 18 000), enregistre plus de 90 600 patients et soit utilisé par plus de 32 000 médecins. « L'échec de MonPsy est dénié derrière une série de chiffres », cinglent les psychiatres publics, rappelant que le dispositif ne s'adresse qu'aux situations de souffrances légères à modérées, qu'il est décrié par les psychologues et reste sous-financé.

Par ailleurs, la création sur trois ans de 800 ETP en centres médicopsychologiques (CMP) enfants et adultes est « bien évidemment très insuffisante - bien moins d'un EPT par secteur - en plus que d'être en grande partie empêchée par la pénurie médicale et soignante », regrettent l'Idepp, le Spep, le SPH et l'USP.

Situation insoutenable

Ils réitèrent leurs alertes quant à la situation dans les hôpitaux, « insoutenable », certains départements (comme la Mayenne) étant contraints de fermer des lits. Plus des deux tiers des professionnels ont envisagé de quitter l'hôpital public, affirment-ils à la lumière de l'enquête nationale lancée début février, à l'initiative du SPH.

« Aujourd'hui, il ne s'agit plus de vendre de l'espoir aux professionnels de terrain », concluent-ils, exigeant la reprise d'un véritable dialogue et l'ouverture des concertations annoncées.


Source : lequotidiendumedecin.fr