Les équipes du service de psychiatrie de l’hôpital Bicêtre (AP-HP), de la faculté de médecine de l’université Paris-Saclay et de l’Inserm ont identifié trois marqueurs de sévérité du Covid prédictifs de l’apparition de troubles psychiatriques dans les deux ans suivant une infection sévère. Ce travail a été publié dans Molecular Psychiatry.
Les troubles psychiatriques, en particulier les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux, sont fréquents après une infection Covid. « Ces troubles psychiatriques peuvent commencer dès la phase aiguë de l'infection, mais surviennent principalement dans les deux premiers mois suivant la maladie, précisent les auteurs. Ils peuvent différer entre les hommes et les femmes et sont plus fréquents chez les patients de plus de 65 ans. »
Cette étude de cohorte prospective s’appuie sur les dossiers médicaux électroniques de 34 489 patients hospitalisés pour une infection Covid sévère entre le 24 janvier 2020 et le 30 septembre 2022 dans l’un des 36 hôpitaux universitaires de l'AP-HP. Les patients n’avaient pas d’antécédents connus de troubles psychiatriques.
Séjour hospitalier > 7 jours, confusion et taux élevé de monocytes
Parmi l’ensemble des patients, 10,8 % ont développé au moins un trouble psychiatrique après l’infection Covid (5,8 % un trouble anxieux, 3,9 % un trouble dépressif majeur et 1,3 % un trouble addictif).
En tenant compte de l'âge, du sexe et des comorbidités préexistantes, une durée de séjour hospitalier de plus de 7 jours a été associée à un risque accru de 72 % d’apparition de troubles psychiatriques après un Covid, tandis qu’un épisode de confusion était associé à un risque accru de 49 % et un taux sanguin élevé de monocytes à un risque accru de 14 %.
L’effet le plus important a été retrouvé pour la confusion chez les patients âgés de moins de 65 ans, avec un risque multiplié par 2,74.
Un taux élevé de CRP plasmatique était par ailleurs associé à une réduction du risque de 8 %. Ce résultat est « en contradiction avec des résultats antérieurs », notent les auteurs, précisant qu’il n’a pas été confirmé dans les analyses de sensibilité.
Un score prédictif à valider dans d’autres cohortes
En utilisant les trois facteurs prédictifs indépendants de troubles psychiatriques post-Covid (séjour hospitalier > 7 jours, confusion et taux élevé de monocytes), un score prédictif a été construit et testé dans quatre groupes stratifiés selon l'âge et le sexe.
« Ce score prédictif pourrait aider les cliniciens à prédire et à détecter précocement les troubles psychiatriques post-Covid, en particulier chez les patients âgés de moins de 65 ans », résument les auteurs.
Ils précisent que « ce score prédictif devra être validé dans d'autres cohortes indépendantes de patients atteints de Covid et testés chez des patients atteints d'autres maladies afin d'évaluer s'ils sont ou non spécifiques au Covid ».
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