Difficultés démographiques, « obsolescence et sous-dimensionnement » des unités de radiologie, actes sous-rémunérés, dévalorisation des pratiques : c’est pour combattre toutes ces « menaces » que le Collège des enseignants de radiologie de France (Cerf) et le Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH) adressent une lettre d'alerte aux deux candidats à la présidence de la République. Dans ce courrier, ils soumettent un plan d’action pour la radiologie et l'imagerie médicale, jugeant « urgent de changer de voie ».
Combattant fermement les idées reçues et la « caricature » (la spécialité serait un centre de coût, multipliant les examens, sans se soucier de la pertinence des actes, menacée par l'intelligence artificielle), les radiologues hospitaliers attendent du président de la République qu’il s’attache à « libérer notre discipline des entraves qui brident son développement ».
Prioriser le scanner, l’IRM et la radiologie
Pour ce faire, le courrier réclame d’autoriser une activité de soins en « imagerie diagnostique et interventionnelle », dès lors que « ces deux aspects de notre activité sont indissociables », expliquent le Cerf et le SRH.
Côté pertinence des actes, la spécialité recommande de « prioriser le scanner, l’IRM et la radiologie interventionnelle » qui sont « bien plus efficients que de nombreux examens de radiologie conventionnelle et d’échographie réalisés ». Des examens trop souvent réalisés en première intention, en raison « d’une offre trop limitée d’imagerie en coupe moderne et d’une valorisation insuffisante des actes les plus pertinents », estiment le Cerf et le SRH.
Au chapitre des ressources humaines, les deux organisations appellent de leurs vœux la revalorisation des salaires des radiologues hospitaliers mais aussi de leur permanence des soins, « en impliquant toutes les équipes territoriales coordonnées et contractualisées avec les ARS ». De fait, la situation de la spécialité est critique avec près de 50 % des postes vacants à l'hôpital. Quant à la téléradiologie, il est « illusoire » de penser qu'elle soit « la seule solution à la pénurie médicale », recadrent les radiologues.
Médicalisation de la gouvernance des pôles d'imagerie
Cela ne suffira pas : il serait aussi urgent de créer des postes hospitalo-universitaires dans cette spécialité, notamment pour les radiologues interventionnels. C’est de cette façon que l’on pourra diffuser les thérapeutiques mini-invasives qui « facilitent l’ambulatoire, diminuent les durées de séjour, réduisent les dépenses de santé », analysent encore les spécialistes concernés.
Ceux-ci souhaitent aussi que la médicalisation de la gouvernance des pôles d’imagerie soit renforcée pour évoluer vers des investissements « plus efficients ». La profession voudrait aussi être mieux associée aux discussions tarifaires pour « valoriser les parcours de soins radiologiques les plus pertinents et leur qualité ».
Enfin, les radiologues souhaitent la création d’un fonds d’innovation en radiologie diagnostique et thérapeutique, « complémentaire des fonds d’innovation existants ». Un investissement évalué autour de « 400 millions sur dix ans ».
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