« La culture de radioprotection reste insuffisante pour les interventions radioguidées, surtout au bloc opératoire (BO) », souligne Géraldine Pina, commissaire à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ce constat dressé il y a quelques années est toujours d'actualité, comme il en a été fait état ce jeudi 27 mai lors du rapport fait à l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020.
Juste avant la pandémie, l'ASN soulignait dans une note datée du 2 mars 2020 à propos de ces procédures réalisées au bloc opératoire : « L’exposition aux rayonnements ionisants y est perçue comme un risque secondaire, comparativement aux risques anesthésiques ou infectieux et autres actions de vigilance attendues des professionnels (hémovigilance, identito-vigilance, pharmacovigilance…) ».
Impact de la pandémie
Le premier pic épidémique en 2020, qui a entraîné une diminution drastique des actes réalisés (hors radio et scanners pulmonaires) sans rattrapage par la suite, a été un coup de frein aux actions de formation. « Toute l'activité des blocs a été freinée, rapporte la commissaire de l'ASN. Pour l'instant, la progression en radioprotection pour les interventions radioguidées n'est pas à un niveau élevé avec toujours des événements significatifs déclarés. L'ASN vise à ce que cette culture de radioprotection soit acquise à terme ».
Le phénomène est générationnel. Si le recours au radioguidage est assez ancien en cardiologie et en neurologie, d'autres spécialités s'y sont mises récemment (orthopédie, chirurgie vasculaire, urologie, etc.) et les applications vont croissant. « Depuis 2017, les étudiants ont un enseignement obligatoire, explique Géraldine Pina. La radioprotection concerne l'ensemble des personnes qui y travaillent mais aussi les décideurs pour les aménagements ». Et malgré l'obligation de formation continue, le compte n'y est pas.
Si le phénomène ne représente que 5 % de l'ensemble des événements significatifs en radioprotection (ESR), « ce sont les plus graves en impact de dose », relève Carole Rousse, directrice des rayonnements ionisants et de la santé à l'ASN.
« Le bloc des erreurs », une formation par simulation
En 2020, 28 ESR ont été déclarés : 15 événements concernent des expositions de professionnels (dont trois ayant fait l'objet d'un avis d’incident pour dépassement des limites réglementaires au niveau du corps entier ou des extrémités) ; trois événements concernent des patientes enceintes ignorant leur grossesse (doses sans conséquence pour l’enfant) ; dix des surexpositions de patients, certaines ayant entraîné une alopécie transitoire ou radiodermite et neuf étant dues à des procédures longues et complexes (en cardiologie et en neuroradiologie).
L'ASN encourage ainsi à la reprise et au développement des formations par simulation. « Intitulé “Le bloc des erreurs”, ce guide élaboré par l'ASN en octobre 2019 permet aux établissements de mettre en place ce type d'ateliers en leur sein, explique Géraldine Pina. C'est une sensibilisation collective. Il s'agit d'apprendre sur le terrain dans le bloc mobilisé pour des cas pratiques et concrets. Les premiers retours ont été positifs ».
Alors que la crise sanitaire a fortement marqué l'année 2020, l’ASN souligne « des questions de nature systémique, qui pourraient se poser, dans les mêmes termes, en cas de crise nucléaire ». C’est le cas notamment « des relations de confiance des citoyens envers l’expertise scientifique et les autorités et des conditions d’acceptabilité de mesures contraignantes de protection de la population ». Pour l'ASN, les difficultés rencontrées lors de la crise sanitaire confirment « le besoin impératif de renforcer la culture d’anticipation et de précaution chez l’ensemble des acteurs concernés par le nucléaire ».
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