Spondyloarthrite axiale

2015, l’année sécukinumab !

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Publié le 07/04/2016
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Spondyloarthrite axiale

Spondyloarthrite axiale
Crédit photo : PHANIE

Après la publication en 2014 de l’étude de phase 2 de preuve de concept, 2015 a vu la publication dans le New England Journal of Medicine des deux essais de phase 3, MEASURE 1 et MEASURE 2, dans la spondyloarthrite ankylosante (SA) [1]. Ces deux essais randomisés contre placebo, avec des modalités posologiques un peu différentes, ont inclus respectivement 371 et 219 patients avec une SA active. Dans MEASURE 1, le critère principal, la réponse ASAS20 à la semaine 16, a été atteint dans respectivement 61, 60, et 29 % des cas pour le sécukinumab à la dose de 150 ou 75 mg (voie sous-cutanée) et pour le placebo, (P < 0,001 pour chaque comparaison avec le placebo). Dans MEASURE 2, les taux étaient respectivement de 61, 41, et 28 % pour le sécukinumab à la dose de 150 ou 75 mg et pour le placebo (P < 0,001 pour la dose de 150 mg et P = 0,10 pour la dose de 75 mg). L’amélioration était maintenue à 52 semaines. La tolérance a été satisfaisante, même si une augmentation des infections, dont des candidoses, a été notée dans le groupe sécukinumab. Ces résultats se sont concrétisés le 19/11/2015 par une extension d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne du Cosentyx (qui avait déjà l’AMM dans le psoriasis) dans la SA active en échec du traitement conventionnel à la dose de 150 mg toutes les 4 semaines après une dose de charge. Il faut souligner qu’il s’agit de la première AMM dans la SA qui ne concerne pas un anti-TNF depuis leur arrivée : ceci donne un reflet de l’importance et de l’innovation représentée par l’arrivée de cet anticorps monoclonal anti-IL17A dans le traitement de la SA. Reste dans un premier temps à attendre la mise à disposition des prescripteurs de ce nouveau médicament, puis à suivre bien entendu les données de tolérance dans des conditions et effectifs de « vraie vie ».

Mais le sécukinumab ne s’est pas arrêté là en 2015, puisqu’il a également donné lieu à deux essais de phase 3 dans le rhumatisme psoriasique (RPso) [2,3], qui ont, eux aussi, abouti à une nouvelle AMM, cette fois-ci dans le rhumatisme psoriasique après échecs de DMARD. Ajoutons que l’arsenal thérapeutique dans le RPso s’élargit brutalement puisqu’à côté du nouveau venu sécukinumab, il faut signaler l’arrivée également d’une petite molécule par voie orale, l’aprémilast ou Otezla.

Le Treat to Target dans le RPso ?

Ces nouvelles molécules pour traiter le RPso vont certainement changer le visage de la maladie. Mais, à l’instar de ce que nous avons connu dans la polyarthrite rhumatoïde, nous n’allons pas seulement apprendre à utiliser de nouveaux outils thérapeutiques mais également à changer la façon de prendre en charge la maladie. Une nouvelle étude est venue nous montrer qu’un retard diagnostic d’une durée de seulement 6 mois était associé à un moins bon devenir fonctionnel et structural (4). Ceci nous rappelle l’importance de réduire le retard de diagnostic et donc de traitement adapté dans cette affection, en terme non seulement de gain de qualité de vie mais également d’amélioration du pronostic lésionnel et fonctionnel.

Ensuite, l’étude TICOPA, comme l’avait fait l’étude TICORA dans la polyarthrite rhumatoïde en son temps, a bien montré dans des formes récentes de RPso qu’une stratégie d’intensification thérapeutique d’après un suivi régulier et un objectif prédéterminé permettait d’avoir un meilleur résultat clinique à un an que la prise en charge plus « conventionnelle » (5). Il s’agit là d’un nouveau regard sur la prise en charge du RPso, indépendamment du maniement de nouvelles molécules à côté des DMARDs et des anti-TNFα.

Hôpital Henri Mondor, Créteil

(1) Baeten D et al. N Engl J Med. 2015;373:2534-48

(2) McInnes IB et al. Lancet. 2015;386:1137-46

(3) Mease PJ et al. N Engl J Med. 2015;373:1329-39

(4) Haroon M et al. Ann Rheum Dis. 2015;74:1045-50

(5) Coates LC et al. Lancet. 2015;386:2489-98

 

 

Pr Pascal Claudepierre

Source : Bilan Spécialiste