Dans l’arthrite à dépôts de cristaux de pyrophosphate de calcium, comment la crise aiguë est-elle prise en charge actuellement ?
Selon les recommandations Eular de 2011 reposant sur des avis d’experts, sont recommandés, en premier lieu, la colchicine (0,5- 2 mg/j – en pratique souvent 1 mg au maximum) ou les corticoïdes oraux. L’utilisation des AINS n’est pas conseillée en raison de leurs effets secondaires qui peuvent être sévères chez les personnes âgées.
Cependant, ces traitements sont utilisés de façon empirique par extrapolation avec ce qui est pratiqué dans la goutte. Jusqu’à présent, il n’y avait pas eu d’essai clinique pour les comparer. C’est ainsi que nous avons réalisé la première étude, Colchicort, visant à comparer l’efficacité et la tolérance de la colchicine et de la prednisone dans l’arthrite aiguë à cristaux de PPC.
Quels sont les principaux résultats de l’étude Colchicort ?
Les données portent sur 112 patients âgés de plus de 65 ans (âge moyen 88 ans et même quelques centenaires…) atteints d’arthrite aiguë à cristaux de PPC (< 36 h d’évolution) et présentant pour la plupart des comorbidités (25 % étaient diabétiques et 80 % hypertendus). Les crises concernaient principalement le genou (48 %), le poignet (20 %) et la cheville (13 %).
Les patients ont été randomisés pour recevoir soit 1,5 mg de colchicine le premier jour, puis 1 mg le deuxième, soit la prednisone à 30 mg pendant deux jours. La réduction de la douleur sur l’échelle visuelle analogique après une seule prise (critère principal) est significative et équivalente dans les deux groupes. Plus des deux tiers des patients ont été soulagés dans les deux jours.
Le profil de tolérance des deux traitements était satisfaisant, malgré l’âge très avancé des patients, mais des différences étaient observées dans les effets indésirables. Une diarrhée modérée a été rapportée chez un patient sur cinq traités par colchicine, notamment en relation avec la prise de statines.
Quant à la prednisone, elle a été bien tolérée, même chez les patients hypertendus avec seulement 11 % de cas d’élévation modérée de la pression artérielle ainsi que chez les patients diabétiques (trois cas d’augmentation légère de la glycémie). Aucun rebond n’a été observé à l’arrêt du traitement.
En conclusion, quels conseils pour la pratique ?
Les deux médicaments, prednisone et colchicine, sont efficaces rapidement pour diminuer la douleur dans la crise d’arthrite aiguë à cristaux de PPC.
Le choix se fera en fonction des comorbidités, des contre-indications et de la tolérance.
En première ligne, l’utilisation de la prednisone à 30 mg, en l’absence de contre-indication, devrait être favorisée. Deux jours de traitement suffisent généralement et on peut très bien arrêter la prednisone après ces deux jours, il est inutile de prolonger le traitement.
La colchicine reste une bonne alternative, si le patient présente des contre-indications à la prednisone. Mais il faut être vigilant en raison du risque de diarrhée (et de déshydratation), notamment si le patient est sous statine.
Le plus important est de soulager le patient et de donner le traitement le plus tôt possible : cela est d’autant plus vrai pour la colchicine qui est plus efficace si elle est donnée précocement.
* Pascart T et al. Evaluating the safety and short-term equivalence of colchicine versus prednisone in older patients with acute calcium pyrophosphate crystal arthritis (COLCHICORT) : an open-label, milticentre, randomised trial. Lancet Rheumatol 2023 Sept ; 5 (9) : 523-531
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