Anti-TNF et risque de cancer

Des données très rassurantes

Publié le 11/12/2014
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D’après les données de deux registres scandinaves (ARTIS pour la Suède et DANBIO pour le Danemark), d’une part les sujets atteints de SpA n’ayant jamais reçu d’anti-TNF ne sont pas plus à risque de cancer que des sujets appariés de la population générale. D’autre part il n’a pas été constaté de surcroît de cancer chez les sujets traités par anti-TNF par rapport aux sujets traités par d’autres agents, il semble même y en avoir moins.

Ces données valent globalement pour l’ensemble des 6 types de cancers étudiés (colorectal, lymphome, mélanome, poumon, prostate et sein) à l’exception de la démonstration d’une réduction du risque de cancer colorectal (risque relatif standardisé RRS 0,7) et d’une augmentation du risque de cancer prostatique (RRS 1,2) chez les sujets atteints de spondylarthropathie ne recevant pas d’anti-TNF. Ce surcroît de risque de cancer prostatique est totalement annihilé chez les patients traités par anti-TNF, il existe même une réduction du risque (RRS 0,05). Les résultats présentés selon le type de spondyloarthropathie sont assez peu pertinents car les nombres d’événements sont très faibles.

D’après la présentation de Karin Hellgren, ACR 2 014.

Les résultats de cette étude sont donc très rassurants puisqu’ils ne montrent pas, au sein des patients atteints de SpA, d’augmentation de la fréquence des 5 principaux cancers en terme de fréquence et sévérité chez les patients traités par anti-TNF comparativement aux autres ; il y a même une diminution significative du risque de cancer de prostate sous anti-TNF, alors qu’il est intéressant de noter que ce cancer était le seul parmi les 6 testés à être un peu plus prévalent dans les SpA (sans anti-TNF) que dans la population générale. De plus, on retiendra qu’il semble que le cancer du colon soit moins fréquent dans les SpA (sans anti-TNF) que dans la population générale ; la question a été posée de savoir si ceci pouvait être lié à un éventuel rôle.

«protecteur » des AINS, mais l’étude ne permet pas d’y répondre. Globalement, gardons aussi à l’esprit que ces résultats ne concernent que les patients sans antécédent de cancer.

La question peut se poser de savoir si ces résultats s’appliquent à toutes les SpA. Dans cette première étude ont été pris en compte les diagnostics de rhumatisme psoriasique (RPso), constituant environ la moitié de l’effectif, la spondylarthrite ankylosante (SA) [environ un tiers] et des formes non précisées ; l’analyse montre les mêmes résultats dans le sous-groupe RPso et dans celui SA que dans la population globale. Une autre étude s’intéressant également à une éventuelle modification de fréquence des cancers sous anti-TNF a été présentée en communication orale, mais ne concernant cette fois-ci que le Rpso (1). Cette étude, issue du registre britannique BSRBR, avait comme autres différences d’inclure aussi les patients ayant des antécédents de cancer et de considérer tous les cancers. Aucune augmentation de la fréquence globale des cancers chez près de 6 000 patients RPso traités par anti-TNF n’a été observée, ni dans le sous-groupe des hommes ni celui des femmes ; seul le risque de cancers cutanés non mélanomiques est augmenté d’environ deux fois (rôle de la PUVAthérapie, de la ciclosporine, du psoriasis lui-même ?).

*CHU Henri Mondor, Créteil

(1) Abstract 1848

Dr Jean-Claude Lemaire

Source : Congrès spécialiste