Comprendre les échecs de la rééducation

La volition, chaînon manquant chez les lombalgiques chroniques

Publié le 04/07/2011
Article réservé aux abonnés
1310546014268131_IMG_64302_HR.jpg

1310546014268131_IMG_64302_HR.jpg
Crédit photo : BSIP

LES EXERCICES physiques sont aujourd’hui largement recommandés dans le traitement des patients atteints de lombalgie chronique non spécifique ; ils permettent également de prévenir l’absentéisme au travail et les récidives douloureuses.

Mais voilà, même si les médecins et les patients sont parfaitement convaincus de l’intérêt de suivre un programme d’activités physiques, force est de constater que de 60 à 80 % des lombalgiques avertis ne réalisent pas ou bien très imparfaitement les exercices à leur domicile.

Les raisons avancées en sont multiples : manque de temps, peur d’avoir mal, fatigue, lenteur des résultats… Il y aurait donc un écart très important entre les objectifs de ces patients pourtant très motivés et l’accomplissement de leurs objectifs.

Des mécanismes mentaux.

Car il ne suffit pas d’être motivé pour agir, encore faut-il le vouloir et le faire ! Entre la motivation et l’accomplissement du but poursuivi, en l’occurrence la réalisation régulière d’exercices physiques recommandés dans la lombalgie chronique, intervient tout un ensemble de mécanismes mentaux que l’on appelle la volition. Plusieurs études suggèrent fortement que cette dernière, et particulièrement les intentions d’exécution, pourrait jouer un rôle notable chez les lombalgiques chroniques. Ces intentions d’exécution sont en effet des outils volitionnels indiquant où, quand, comment une action dirigée vers un but doit être réalisée, renforçant la relation existant entre les intentions et les comportements et favorisant la poursuite d’un but malgré divers obstacles. L’efficacité de l’induction de ces mécanismes a déjà été démontrée sur la reprise d’une activité physique après infarctus du myocarde ou des lésions de la moelle épinière. Dans la lombalgie chronique en revanche, le manque de données a incité la section « Rachis » de la Société française de rhumatologie et la Belgium Back Society à mener une étude spécifique afin d’accroître les connaissances de ces processus et de mettre en place des stratégies permettant de s’opposer à la kinésiophobie des patients. Ce travail original orchestré par Céline Mathy, psychologue, sous la direction du Pr Jean-Paul Broonen, professeur de psychologie et expert en volition (Université de Liège), est financé par les laboratoires Grünenthal, l’une des trois firmes pharmaceutiques européennes les plus impliquées dans la prise en charge de la douleur et qui soutient de longue date la section Rachis. Cette étude comporte trois étapes : 1) développer un outil d’évaluation des différentes dimensions de la volition ; 2) évaluer l’influence de la volition dans le processus de guérison des patients ; 3) proposer la mise en place de programmes favorisant les intentions d’exécution chez les patients lombalgiques. Une initiative qui pourra tout autant permettre d’accroître les connaissances dans un domaine encore mal exploré en rhumatologie que d’apporter une aide spécifique aux patients.

D’après une présentation de la section rachis de la SFR et des Laboratoires Grünenthal.

Réf : Broonen JP et al. Is volition the missing link in the management of low back pain ? Joint Bone Spine 2010 Dec 13. [Epub ahead of print].

 Dr PATRICIA THELLIEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8993