Articulations douleureuses

L'exercice physique est indispensable

Publié le 10/03/2016
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CARDIO

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Pour diminuer les douleurs articulaires – quelle que soit la pathologie (rhumatismes, ostéoporose, lombalgie...) – l'activité physique régulière est indispensable. Les nombreuses études qui se sont penchées sur la question l'ont bien démontré », souligne le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU de Grenoble, président de l’Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR).

Cette prise de conscience est, néanmoins, relativement récente. « En effet, il y a encore une vingtaine d'années, les rhumatologues conseillaient aux patients souffrant d'arthrose, de ne pas pratiquer d'activité physique pour ne pas abîmer davantage leurs articulations. Quant aux personnes ayant une sciatique, ils devaient rester couchés pendant 3 semaines », rappelle le Dr Grange.

Des bienfaits multiples

Aujourd'hui, les patients souffrant de douleurs articulaires doivent se remettre à l'activité physique, le plus tôt possible, après la phase algique aiguë. La seule contre-indication étant les poussées inflammatoires. En effet, lors des phases inflammatoires (arthrose, ou rhumatisme inflammatoire chronique/RIC notamment), il est recommandé de laisser l'articulation au repos.

« Entre ces périodes, c'est l'activité physique régulière et adaptée à l'état général du patient, qui est conseillée. Le fait de "bouger", malgré les douleurs, aide à garder (ou acquérir) une bonne tonicité musculaire. Des muscles toniques permettent de mieux protéger les articulations et de diminuer les douleurs qui y sont liées », affirme le Dr Grange. L'activité physique favorise également la mobilité des articulations, augmente le flux synovial et contribue à la perte du poids. Un facteur non négligeable, notamment chez les personnes ayant - outre des articulations douloureuses - un surpoids ou une obésité. « Nous savons, désormais, que les RIC augmentent le risque d'événements cardiovasculaires. L'activité physique cardiovasculaire (marche rapide, vélo, course à pied...) est particulièrement recommandée aux personnes qui souffrent de rhumatisme (polyarthrite rhumatoïde et spondylarthrite notamment) car il permet d'améliorer leur capacité cardiovasculaire », note le Dr Grange.

Des exercices adaptés à chaque pathologie

Les activités physiques recommandées sont différentes selon la pathologie et le type de douleurs rencontrées. Idéalement, les programmes physiques proposés aux patients arthrosiques, par exemple doivent comprendre : des exercices d’assouplissement visant à améliorer ou à maintenir l’amplitude articulaire (stretching, gymnastique) ; des exercices de renforcement musculaire isométriques* et des exercices d’endurance (marche, natation, vélo). « L'activité physique ne doit pas être réalisée de façon outrancière. De même, il faut privilégier le sport de loisir : le sport de haut niveau est délétère pour les articulations arthrosiques », précise le Dr Grange. Par ailleurs, en cas de gonarthrose, les exercices et sports susceptibles d'engendrer des micro-traumatismes articulaires sont déconseillés : foot, tennis, course à pied, volley-ball...

En cas de spondylarthrite, l'exercice physique (gym douce, stretching...) est d'autant plus important qu'il existe un risque d'ankylose de la paroi thoracique pouvant entraîner une insuffisance respiratoire.

Pour les lombalgies, les exercices de regainage musculaire sont indispensables. « Au CHU de Grenoble, nous avons reconstitué une salle de sport et mis en place un programme d'une semaine pour démontrer à nos patients que les exercices réguliers de musculation lombaire et dorsale – lorsque l'on a mal au dos – permettent de diminuer ces douleurs à moyen et long terme », assure le Dr Grange.

Pour favoriser l'observance, les patients doivent choisir une activité physique qui leur plaît. Ils pourront, également, très prochainement bénéficier de séances de coaching sportif prescrites par leur praticien.

*Exercices qui déclenchent une contraction musculaire intense, sans le recours aux mouvements

 

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9478