Ostéoporose : il est urgent d'agir

Publié le 12/11/2021

L'Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR) existe depuis près d'un siècle. C'est la seule association dédiée à l'ensemble des affections ostéoarticulaires. À l'occasion de la Journée de l'ostéoporose qui a eu lieu le mois dernier, l'une de ses responsables insiste sur les enjeux sanitaires majeurs liés à cette pathologie et appelle à relever trois défis pour développer la prévention et le dépistage et améliorer la prise en charge des malades.

Alors que l’épidémie de SARS-CoV-2 semble sous contrôle en France, il est temps de tirer les enseignements de cette crise sanitaire inédite en termes d’impact social et de perte de chance pour les patients.

Le Ségur de la Santé et le plan innovation 2030 vont certes permettre d’améliorer la situation du secteur hospitalier et de restaurer la compétitivité de la France. Cependant, la question de la prise en charge des malades atteints de maladies chroniques reste tout aussi préoccupante. Des décisions urgentes doivent être prises pour améliorer le sort des malades.

Dans cette perspective, en tant que vice-présidente de l'Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale, je prends la parole pour alerter les professionnels de santé dans leur ensemble face à la déficience de prise en charge que représente l’ostéoporose.

Des conséquences redoutables

Cette maladie insidieuse des os du squelette, malheureusement trop tardivement diagnostiquée, est à l’origine de fractures lourdes de conséquences en termes de handicap, de qualité de vie, et de mortalité. L’ostéoporose, qui touche surtout les femmes, pose un problème de santé public majeur d’autant que la maladie apparaît surtout au grand âge, ce qui ne fera qu’augmenter sa fréquence en raison de l’allongement de l’espérance de vie.

Ces fractures sont redoutables en raison du cercle vicieux qui font se succéder fractures et hospitalisations : première cause d’occupation des lits hospitaliers en France : les fractures pour fragilité occupent 40% des lits disponibles en secteur privé et public confondus ; une femme sur trois subit une fracture ostéoporotique après 50 ans ; un quart d’entre elles se fracture à nouveau dans l’année ; le risque de décès après fracture de hanche est le même qu’après un infarctus du myocarde ; une atteinte de la qualité de vie avec 80% des patients ayant eu une fracture qui éprouvent des difficultés dans les tâches quotidiennes : 40% ne peuvent plus se déplacer.

On ne le répétera jamais assez : l’ostéoporose est à l’origine de handicaps sociaux et familiaux, mais aussi d’une dégradation de l’autonomie avec pour conséquence le risque d’institutionnalisation : environ 50 % des femmes et hommes touchés par une fracture de hanche ne pourront pas retourner à leur domicile et 25% intègrent un EHPAD dans l’année qui suit la fracture.

À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Ostéoporose 2021, placée sous le signe de la protection osseuse, nous devons, patients, médecins, infirmières, kinésithérapeutes, pharmaciens..., tout essayer pour faire sortir de l’ombre cette maladie, en faisant appel au triptyque : prévention, dépistage et diagnostic.

Trois axes à investir

C’est la raison pour laquelle je soumets trois propositions:

- prévenir l’ostéoporose, en déployant une campagne d’information pour sensibiliser et alerter les millions de Françaises à risque (à l’aide d’un questionnaire « ostéoporose » destiné à dépister toutes les personnes à partir de 50 ans).

- soutenir la modernisation des parcours de soins pour améliorer les pratiques et permettre à toutes les femmes de bénéficier des progrès en santé (à l’heure actuelle, seules 11% des patientes sont sous traitement anti-ostéoporotique à la suite d’une hospitalisation pour fracture sévère).

- faire collaborer hôpital, ville et territoires, avec le soutien actif des ARS (Agences régionales de santé) et de l’Assurance Maladie, pour organiser de manière systématique, le repérage des patients ayant subi une fracture, de façon à les adresser à un professionnel de santé compétent.

Françoise Alliot-Launois, vice-présidente de l’AFLAR

Source : Le Quotidien du médecin