Dysfonction érectile

Engager le dialogue avec la partenaire et le médecin

Publié le 09/06/2009
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LA DYSFONCTION érectile a été identifiée comme étant un symptôme sentinelle de maladie coronaire. Ses facteurs de risque sont ceux qui constituent le syndrome métabolique, dont elle est également un symptôme sentinelle, en particulier chez les sujets ayant un indice de masse corporelle inférieur à 25 lorsque d’autres signes manquent encore. Chez tous les patients à risque de syndrome métabolique, notamment les diabétiques, l’éducation thérapeutique doit porter sur la prévention du risque cardio-vasculaire et la détection d’une dysfonction érectile. Des modifications des habitudes de vie (lutte contre la sédentarité, régime alimentaire adapté) permettent de réduire le risque cardio-vasculaire et sont susceptibles de prévenir ou de participer à l’amélioration de la dysfonction érectile. Une perte de poids de 10 %, une reprise d’activité physique ou l’arrêt du tabac avant 50 ans, sont des facteurs corrélés significativement à une amélioration de la fonction érectile. Il faut donc tout faire pour que les hommes concernés puissent engager le dialogue avec leur partenaire et leur médecin. En effet, les hommes qui ont des troubles de l’érection, tout comme leurs partenaires, évitent de parler de cette difficulté. Une dépression associée est fréquente et ces sujets ignorent souvent qu’ils peuvent trouver de l’aide. Néanmoins, beaucoup aimeraient parler de ces troubles si le partenaire acceptait la discussion et s’ils avaient une connaissance suffisante des traitements envisageables.

En cas de dysfonction érectile sans facteurs de complexité, les recommandations précisent qu’à la fin d’une évaluation médicale, sexuelle et psycho-sociale initiale, « le traitement oral, par inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (iPDE5) en dehors de ses contre-indications, sera proposé en première intention » (2). Les patients doivent être tout à fait rassurés à propos de la tolérance cardio-vasculaire de ces molécules, même en cas de prise concomitante d’un traitement à visée cardiaque ou vasculaire. La seule exception formelle est celle des dérivés nitrés. Des conseils hygiéno-diététiques de modification des habitudes de vie complètent la prescription. Cela permet à l’homme voire au couple de participer activement au traitement avec l’espoir d’une guérison des troubles ou au moins d’en prévenir l’aggravation.

Une éducation nécessaire.

Les iPDE5 d’action rapide en prise à la demande sont ainsi le plus souvent devenus le traitement de première ligne en raison de leur efficacité et de leur très bonne tolérance quelles que soient les co-morbidités. Lorsque pour des raisons d’efficacité ou de tolérance, il est nécessaire de recourir à l’utilisation d’injections de prostaglandine E1 dans le corps caverneux, la première d’entre elles doit être effectuée avec le médecin et les auto-injections ne seront effectuées par le patient qu'au terme d'un apprentissage de la technique d'injection et de la détermination de la dose optimale qui nécessite en moyenne 2 consultations. Le patient doit également être prévenu qu'en cas d'érection rigide prolongée (priapisme) de plus de trois heures, il doit contacter son médecin traitant. Si un système à d’érecteur à dépression (Vacuum) est prescrit, son acquisition se fera également après une séance d’information et d’apprentissage. Enfin, la mise en place d’implants péniens hydrauliques nécessite souvent plusieurs séances d’apprentissage des manipulations de gonflage et dégonflage et un suivi régulier des conditions d’utilisation.

Ainsi, l’éducation thérapeutique des patients atteints de dysfonction érectile est nécessaire tout au long de l’histoire de la maladie, de la prévention à l’utilisation des traitements mécaniques. Afin d’optimiser cette éducation et augmenter l’accessibilité à ces services, certains centres ont mis en place des consultations d’infirmières spécialistes (expertes en urologie), complémentaires des consultations médicales.

D’après un entretien avec le Pr STÉPHANE DROUPY (CHU de Bicêtre, le Kremlin Bicêtre) Références (1) Cour F, et coll. Prog Urol 2005 ; 15 (6) : 1011-20.

Dr GÉRARD BOZET

Source : lequotidiendumedecin.fr