Pour une prise en charge précoce

La fréquence des troubles sexuels en pathologie neurologique

Publié le 20/11/2012
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LES PATHOLOGIES NEUROLOGIQUES s’accompagnent très fréquemment de troubles sexuels qui sont parfois au devant même des préoccupations des patients notamment chez les paraplégiques. Ils varient selon le site de la lésion, sa gravité, l’âge de survenue, le sexe du patient. La proximité anatomique des centres contrôlant les fonctions vésicosphinctériennes, anorectale et sexuelle, entraîne la plupart du temps l’association de troubles urinaires, fécaux et sexuels.

Les traumatismes crâniens peuvent entraîner des difficultés qui touchent à la fois le désir sexuel, la possibilité d’avoir des rapports sexuels, de prendre des initiatives et d’avoir des orgasmes. Ces difficultés sont majorées, sur le plan physique, par les difficultés de mouvement et les troubles de sensation, et sur le plan psychologique, par une dégradation de l’image de soi. Le comportement des partenaires, souvent réticents à la reprise de la vie sexuelle, accentue la sensation de dévalorisation des traumatisés crâniens. La prise charge des patients nécessite avant tout d’attribuer les troubles sexuels à la pathologie neurologique centrale afin d’éliminer des causes inappropriées possibles. Le bilan de l’iatrogénie médicamenteuse doit aussi précéder la prise en charge.

• AVC

La prévalence des troubles sexuels après un AVC est importante chez l’homme comme chez la femme. Ces troubles concernent à la fois le désir, l’initiative, l’érection, la lubrification vaginale et l’orgasme pour les deux sexes.

La première question est de savoir si les troubles sont plutôt d’origine vasculaire ou neurologique et examiner l’iatrogénie médicamenteuse.

La prise en charge précoce des couples, y compris au stade initial dès l’hospitalisation, en rééducation a un impact positif sur la récupération d’une sexualité de meilleure qualité.

• Parkinson

Chez l’homme parkinsonien, on peut observer une dysfonction érectile, une difficulté à l’éjaculation et à la stimulation de la partenaire ainsi qu’une baisse de la libido ; chez la femme, une difficulté de lubrification et une anorgasmie. À l’inverse, il semble que le traitement par L Dopa et les agonistes dopaminergiques puissent entraîner une hypersexualité ainsi que des paraphilies avec, dans des cas rares, des conséquences pénales.

• SEP

Au cours de la sclérose en plaques les symptômes peuvent être présents dès le début de la maladie voire inauguraux chez l’homme comme chez la femme. Les hommes souffrent de dysfonction érectile, de difficultés à éjaculer majorées par l’évolution de la maladie. Un tiers des femmes rapporte une anorgasmie et des difficultés de lubrification, un quart décrit un effondrement de la libido. Compte tenu de la variabilité des symptômes observés, la prise en charge doit être individualisée.

• Blessés médullaires

La plupart des patients atteints de lésions supra-scares récupèrent des érections réflexes, en réponse à des stimulations de la zone périnéale, en dehors de tout contexte érotique. Les érections psychogènes sont, elles, sous dépendance de segments plus hauts situés dans la moelle épinière entre D11 et L2. Chez l’homme les différentes thérapeutiques de la dysfonction érectile permettent très fréquemment aux patients d’obtenir des érections stables et rigides permettant le rapport sexuel avec pénétration. Mais l’érection, l’éjaculation et l’orgasme ont une régulation neurologique différente et pas toujours associée. Définir clairement l’objectif des traitements proposés évite l’insatisfaction des patients liée à des attentes irréalistes.

Chez la femme, les centres responsables de la lubrification réflexe et psychogène sont situés dans les mêmes segments médullaires. Celles qui ont été interrogées par questionnaire se plaignent d’une baisse d’activité sexuelle, d’une modification du désir, mais globalement 69 % sont satisfaites.

 Dr A. T.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9192