« J’AI TOUT D’ABORD été choqué d’entendre le pape affirmer que le préservatif est susceptible d’aggraver l’épidémie de sida, déclare le Pr Brücker. Qu’il ne soit pas la panacée dans la maîtrise de la prévention de l’infection, tous les spécialistes en conviennent. D’autres facteurs nécessitent d’être pris en compte, comme la précocité des relations sexuelles de très jeunes filles avec des hommes âgés et à risque. Si le préservatif n’est pas suffisant, il reste cependant indispensable. Au regard de la situation sanitaire africaine et des possibilités alternatives de contrôle épidémique, comme l’abstinence sexuelle, ces propos sont en définitive attentatoires à la santé publique. »
Un autre élément de l’intervention de Benoît XVI a profondément heurté le directeur du GIP ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau), celui qui concerne la nécessité d’ « humaniser la sexualité » : « Est-ce à dire, s’interroge-t-il, que les personnes qui sont séropositives en Afrique auraient eu une sexualité déshumanisée ? Une telle insinuation est particulièrement insultante à l’égard des malades. La sexualité doit être considérée comme une composante complexe de la personnalité, encore plus lorsqu’il s’agit de personnes séropositives dans des pays du Sud, où elles subissent une redoutable stigmatisation, et à l’égard desquelles il convient de redoubler de prudence dans l’expression, en s’abstenant de toute condamnation. Ces déclarations vont à l’encontre de la politique de RDR (réduction des risques), exactement comme lorsqu’on réprouve la distribution des seringues, un outil dont l’efficacité a pourtant été démontrée en matière de lutte contre la toxicomanie. »
Interrogé sur l’impact de l’intervention pontificale, le Pr Brücker estime qu’ « elle discréditera beaucoup plus le pape qu’elles ne sont susceptibles d’entraîner des modifications de comportement parmi les populations et les acteurs de la lutte contre le sida. »
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