Diagnostic des infections sexuellement transmissibles

Le prélèvement est indispensable

Publié le 26/01/2012
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Crédit photo : CDC

ISOLÉMENT OU ASSOCIÉS, Neisseria gonorrhoeae et Chlamydia trachomatis sont impliqués dans la majorité des infections urogénitales sexuellement transmises chez l’homme, et dans une grande proportion des cervicovaginites de la femme. Non traitée, l’infection à gonocoques peut être à l’origine de complications graves et favoriser la contamination par d’autres IST.

L’analyse des données de surveillance (réseau Rénago et réseau RésiST) des infections à gonocoques montre une progression inquiétante.

Entre 2008 et 2009, une augmentation du nombre d’infections à gonocoques chez les hommes a été constatée dans l’ensemble des régions : + 48 % en Île-de-France et + 51 % dans les autres régions (1).

La prévalence des infections à Chlamydia trachomatis chez les jeunes femmes en France est de l’ordre de 3 %, voire supérieure à 10 % dans les centres de dépistage. Devant toute suspicion d’urétrite ou de cervicite, il est indispensable d’effectuer un prélèvement biologique, avec réalisation d’un antibiogramme, avant le traitement antibiotique. Il faut également faire un prélèvement du premier jet d’urine pour rechercher de Chlamydia trachomatis par PCR. « Aujourd’hui, le diagnostic d’infections associées gonocoque-chlamydiose est possible grâce à l’utilisation de technique de biologie moléculaire beaucoup plus performante, permettant de dépister les deux infections », précise le Pr Jean-Luc Schmit, ajoutant que, « dès le prélèvement effectué, il faut prescrire au patient un traitement antibiotique probabiliste associant un traitement anti-gonococcique et anti-Chlamydia ». Face à la résistance du gonocoque aux quinolones et notamment à la ciprofloxacine et à la diminution de la sensibilité aux céphalosporines (céfixime, ceftriaxone), les recommandations concernant l’utilisation des antibiotiques pour le traitement antigonococcique ont été actualisées en 2008, par l’AFSSAPS.

Le traitement recommandé en cas d’urétrite gonococcique est la ceftriaxone : 500 mg en injection IM unique. Le traitement associé contre l’infection à Chlamydia trachomatis est l’azithromycine (1 g en une dose unique) ou la doxycycline. Un suivi après traitement s’impose pour s’assurer de la bonne réponse clinique et récupérer le résultat des examens microbiologiques.

En ce qui concerne les mycoplasmes génitaux, Ureaplasma spp, M. hominis et M. genitalium, leur responsabilité est souvent difficile à affirmer. « En fait, de nombreuses urétrites récidivantes seraient liées à M. genitalium. Mais, alors qu’Ureaplasma spp et M. hominis peuvent être recherchés en culture, la mise en évidence de M. genitalium ne peut se faire que par PCR. Une PCR multiplex capable de détecter Ct, Ng et Mg sera bientôt disponible », souligne le Pr Jean-Luc Schmit. Chez les homosexuels masculins, il faut penser à la réapparition de la syphilis précoce (primaire avec chancre, mais aussi secondaire avec éruption). Globalement, la prévalence du VIH chez les personnes ayant une syphilis est élevée : 43 % (1). Enfin, d’autres IST sont en recrudescence actuellement : la lymphogranulomatose vénérienne rectale (LGV) due à Chlamydia trachomatis à souches L et les infections rectales à C. trachomatis à souches non L dans la communauté homosexuelle. Il faut savoir évoquer le diagnostic systématiquement et demander un prélèvement spécifique en rectoscopie pour faire bénéficier les patients du traitement antibiotique spécifique.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Luc Schmit, service des maladies infectieuses, CHU d’Amiens.

(1) BEH n° 26-27-28 / 5 juillet 2011.

 

 CHRISTINE FALLET

Source : Bilan spécialistes