Un homme sur deux est concerné à la cinquantaine

Traiter une dysfonction érectile avant que la peur de l’échec s’installe

Publié le 30/05/2011
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Crédit photo : PHANIE

C’EST AUX ALENTOURS de la cinquantaine et surtout plus tard après 60 ans que l’homme consulte le plus souvent pour dysfonction érectile. Pourtant tous les hommes concernés sont loin de consulter, soit parce qu’ils espèrent que les choses vont rentrer toutes seules dans l’ordre, soit parce qu’ils ne veulent pas s’avouer qu’il y a une difficulté. Il n’est pas rare que soit la partenaire qui attire l’attention de l’homme sur son problème, voire vienne consulter seule, avec l’accord de l’homme ou à son insu. « Après la cinquantaine la sexualité peut durer très longtemps, mais il faut bien garder à l’esprit que tous les hommes ne sont pas égaux entre eux et il suffit d’un grain de sable (conflits personnels, conflits professionnels) pour qu’il y ait un blocage », explique le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue, directeur du service d’andrologie de l’hôpital Cochin à Paris.

Jamais banal.

Chez un patient qui consulte pour dysfonction érectile, ce trouble ne doit jamais être banalisé par le médecin auquel le patient se confie, car pour ce dernier ce trouble n’est jamais banal. Dans un premier temps, il faudra évaluer avec le patient si ses pannes sexuelles ont un retentissement important, afin d’éviter un cycle infernal, car comme le précise le Dr Sylvain Mimoun, « la panne entraîne l’échec, l’échec entraîne la panne ». Il est donc important de traiter rapidement afin de ne pas rester dans cette spirale. Le médecin généraliste doit lui-même penser à cette dysfonction érectile et savoir poser la question, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’un patient diabétique ou traiter depuis longtemps par hypotenseurs ou hypocholestérolémiants.

Lorsque le patient vient consulter le spécialiste, la première étape importante est de repérer dans quel contexte se trouve le couple (bonne entente, conflits…). L’interrogatoire permettra également de faire le diagnostic différentiel avec une éjaculation précoce. Le médecin procédera ensuite à un examen de l’appareil génital de l’homme à la recherche d’une anomalie de la verge, d’une hypoplasie des testicules. Le plus grand intérêt de cet examen est sa normalité très fréquente, qui a pour but de rassurer l’homme. Un toucher rectal sera également réalisé afin de repérer un éventuel cancer. Un bilan biologique va être demandé (testostérone, PSA, NFS, glycémie, bilan lipidique). Si ce bilan retrouve des anomalies, un doppler pénien sera réalisé après injection intra-caverneuse. Cet examen présente en plus l’intérêt, parfois, de rassurer l’homme si celui-ci présente une érection après l’injection intra-caverneuse.

Ils changent la mémoire du corps.

Le traitement de la dysfonction érectile repose sur les inhibiteurs de la phosphodiestérase (IPDE5). Au nombre de trois, ces produits tous efficaces présentent quelques nuances. Certains patients préfèrent le Viagra qui existe même en boite de 2 comprimés, d’autres le Cialis qui dure plus longtemps, d’autres le Lévitra avec sa nouvelle forme orodispersible utilisable facilement et discrètement. Il est important de ne pas utiliser ces médicaments comme « roue de secours » mais de les utiliser de manière suivie pendant quelques semaines à quelques mois car « petit à petit ils changent la mémoire du corps ». La seule contre-indication des IPDE5 reste les dérivés nitrés ; en cas d’antécédents cardio-vasculaires majeurs un avis cardiologique peut être demandé.

Propos recueillis auprès du Dr Sylvain Mimoun (gynécologue, directeur du centre d’andrologie de l’hôpital Cochin, Paris.

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> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8973