La 3,4-méthylènedioxyméthamphétamine ou MDMA - principe actif de l'ecstasy - aurait un intérêt dans la prise en charge du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) en complément de la psychothérapie, selon un essai de phase II. Les résultats de cette étude américaine sont publiés dans « The Lancet Psychiatry ».
L'intérêt et l'innocuité de la MDMA ont été testés sur un petit groupe de patients : 22 anciens combattants, 3 pompiers et 1 policier, la prévalence du SSPT étant particulièrement importante dans cette population. Les 26 participants présentaient un SSPT modéré à sévère depuis au moins 6 mois, évalué par la Clinician-Administered PTSD Scale (CAPS-IV moyen de 87,1). Les médicaments et la psychothérapie n'ont pas fait leur preuve chez ces patients. Ils ont été séparés en trois groupes selon la dose de MDMA reçue : 30 mg (7), 75 mg (7) et 125 mg (12), la dose de 30 mg faisant office de groupe contrôle et les deux autres étant considérées comme des « doses actives ».
Une amélioration des symptômes avec une dose active
« Nous avons montré que les doses actives de MDMA présentaient une amélioration significative par rapport à la dose témoin en termes de sévérité des symptômes du SSPT, de symptômes dépressifs et de qualité du sommeil, confirmant et prolongeant les résultats d'études précédentes », résument les auteurs.
Les participants ont bénéficié de trois séances de psychothérapie avant de recevoir de la MDMA au cours de deux sessions dédiées de 8 heures espacées de 3 à 5 semaines. Un suivi spécifique a été mis en place à la suite de chacune de ces deux sessions.
Un mois après la deuxième session de MDMA, le SSPT a été évalué : chez les patients des groupes 75 et 125 mg, le CAPS-IV a respectivement diminué de 58,3 et de 44,3 points contre 11,4 points pour le groupe 30 mg. Ainsi, les « doses actives » sont associées à des améliorations plus importantes de la sévérité des symptômes du SSPT, la majorité de ces patients n'atteignant plus les critères de SSPT. À noter qu'il n'y a pas de différence significative entre 75 et 125 mg, ce qui suggère un effet seuil.
Par ailleurs, les patients ayant bénéficié des doses 30 et 75 mg ont pu recevoir une dose de 100-125 mg pour une troisième session. « Les symptômes du SSPT étaient significativement réduits à 12 mois de suivi par rapport aux valeurs initiales après que tous les groupes ont reçu la dose la plus forte de MDMA », indiquent les auteurs. Ainsi, la psychothérapie ne semble pas aussi efficace sans une dose suffisante de MDMA.
Un bénéfice potentiellement dû à l'empathie générée par la MDMA
Si quelques effets indésirables ont été rapportés, « les données globales en termes d'innocuité présentent un rapport bénéfice-risque favorable pour des doses limitées de MDMA pour le traitement d'une population atteinte de SSPT », notent les auteurs.
Parmi les participants, six avaient déjà consommé de l'ecstasy dans un but récréatif. Toutefois, les participants n'en ayant jamais consommé n'ont pas commencé à en prendre après le traitement.
« Sur le plan éthique, il n'y a rien à redire, car il s'agit de patients sévères et que la MDMA est bien tolérée et sans effet secondaire grave, notamment addictif », indique au « Quotidien » le Dr Catherine Thomas-Antérion, neuropsychologue à Lyon, en commentaire de cette étude. Elle soulève toutefois l'importance de la « vulnérabilité individuelle ».
Les mécanismes par lesquels la MDMA pourrait agir positivement n'ont pas été étudiés, mais les auteurs suggèrent qu'« en augmentant les sentiments prosociaux et empathiques, la MDMA pourrait améliorer l'alliance thérapeutique ».
« Si les résultats sont validés dans les essais cliniques de phase III qui devraient débuter en 2018, la psychothérapie assistée par MDMA pourrait devenir une option de traitement viable et approuvée par la FDA pour le SSPT d'ici 2021 », avancent les auteurs.
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