Infections urinaires

Des mannosides contre l’adhésion d’E. coli

Publié le 18/11/2011
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

LES INFECTIONS urinaires sont extrêmement fréquentes, notamment chez les femmes. Dans plus de 85 % des cas, elles sont dues à la bactérie E. coli uropathogène, dont la résistance croissante aux antibiotiques pose un problème majeur.

Les infections urinaires chroniques sont souvent traitées par une prophylaxie antibiotique prolongée qui favorise le développement de souches E. coli résistantes, ce qui complique encore davantage le traitement.

De nouvelles voies de traitement sont donc activement recherchées. Une approche actuellement explorée consiste à cibler l’adhésion de la bactérie E. coli uropathogène sur l’épithélium des voies urinaires.

Ces bactéries utilisent des protéines adhésines (FIM-H) au bout de leurs pili (ou poils) pour se fixer aux récepteurs mannoses exprimés sur les cellules de l’épithélium des voies urinaires. Cela facilite la colonisation et l’invasion des cellules uroépithéliales, ainsi que la formation, dans l’épithélium de la vessie, des communautés bactériennes intracellulaires (CBI) résistantes aux antibiotiques.

Des composés actifs par voie orale.

De précédentes études ont montré que cette adhésion pouvait être inhibée par des composés appelés mannosides. Toutefois, jusqu’ici, aucun mannoside n’avait pu traiter une infection urinaire lorsqu’il était délivré par voie orale.

Une équipe dirigée par le Dr Scott Hultgren de l’université de Washington à St Louis (Missouri, États-Unis) a réussi à synthétiser deux composés mannosides actifs par voie orale et efficaces dans un modèle préclinique murin.

Ces composés apparaissent dotés d’une efficacité rapide pour traiter l’infection chronique chez la souris, plus puissante que le triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMZ).

Administrés en prophylaxie chez la souris, une demi-heure avant l’infection à E. coli, ces composés préviennent la colonisation et l’invasion de la vessie.

De plus, ces composés potentialisent l’activité antibiotique du TMP-SMZ contre les souches d’E. coli résistantes.

Traitement et prophylaxie.

Si ces résultats sont confirmés dans les futures études cliniques, les mannosides pourraient ainsi raccourcir la durée du traitement et/ou majorer l’efficacité de l’antibiothérapie standard par TMP-SMZ dans l’infection urinaire. Ils pourraient également être administrés en prophylaxie chez les femmes à risque, les sujets âgés, et peut-être les patients porteurs d’une sonde à demeure, et réduire ainsi le taux de résistance antibiotique qui s’élève jusqu’à 30 % dans certaines études.

Enfin, le mécanisme d’action des mannosides à l’extérieur de la cellule minimise la possibilité de développement de résistance.

Cusumano et coll., Science Translational Medicine, 16 novembre 2011.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9044