Traitement de la dysfonction érectile

La recherche progresse

Par
Publié le 18/12/2017
Article réservé aux abonnés
dysfonction érectile

dysfonction érectile
Crédit photo : PHANIE

La dysfonction érectile concerne environ 3 millions d'hommes en France. Depuis la fin des années 1990, les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 (IPDE5), représentés par le sildénafil, le vardenafil et le tadalafil, ont prouvé leur efficacité et leur bonne tolérance dans sa prise en charge.

Cette classe thérapeutique s'est progressivement élargie, et dès 2018 sera mise à disposition une nouvelle solution per os thérapeutique de sildénafil sous forme orodispersible, pouvant être prescrite par les médecins généralistes et sexologues. Favorisant une prise discrète, sans eau, cette nouvelle galénique se déclinera sous différents dosages et, notamment, le 75 mg qui n’existe actuellement pas sur le marché.

Un programme hospitalier

Le recours aux ondes de choc de basse intensité, initialement développé par Vardi et al., vise à libérer les facteurs de croissance et à stimuler la néo-vascularisation de la verge. Une méta-analyse récente (Lu Z, et al. Eur Urol 2017; 71(2): 223-33) qui a colligé les données de 833 patients inclus dans 14 études, dont 7 randomisées, contrôlées, a mis en évidence une amélioration du score IIEF (International index of erectile function) de deux points par rapport au placebo. Il n’existe toutefois pas de consensus sur l’emploi de cette technique. De nouvelles évaluations ont en cours, dont un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) mené sous l’égide de l’AFU et impliquant 5 centres en France. Ce PHRC, nommé Shock-ED, va évaluer de façon prospective, randomisée, à double insu versus placebo l'efficacité de quatre séances hebdomadaires d'un traitement par ondes de choc extracorporelles à faible intensité (souvent désigné par l’acronyme TOCEFI). Une autre stratégie à l'étude fait appel au plasma enrichi en plaquettes. Cette procédure consiste à injecter dans le corps caverneux du patient la fraction enrichie en plaquettes de son propre plasma. L'objectif est là encore de stimuler les facteurs de croissance. Ce traitement n'a pour l'instant fait l'objet que de 3 publications chez l'animal. Les données de méta-analyse Cochrane dans les lésions musculo-squelettiques, où ce traitement est également évalué, ne mettent pas en évidence de différence avec le groupe témoin, mais il est parfois déjà proposé. La thérapie cellulaire est une autre voie de recherche explorée dans les pathologies urologiques fonctionnelles comme la dysfonction érectile, mais aussi, l'incontinence urinaire d'effort ou les dysfonctions vésicales.

Un signe d’alerte...

Il ne faut enfin pas oublie que la dysfonction érectile peut constituer un signe d’alerte. En effet, dans 50 à 60 % des cas, il existe une dysfonction érectile dans les 5 ans avant la survenue d’un infarctus du myocarde. Sa mise en évidence peut également orienter vers un diabète de type 2, voire une drépanocytose. On la retrouve aussi en cas d’obésité. Ces troubles sont également fréquemment mise en évidence, dans 25 à 75 % des cas, après un traitement pour cancer de la prostate. Les conséquences psychologiques sont importantes, tant sur l’intéressé que sur sa partenaire. Les inhibiteurs de la phosphodiestérase sont parfois inefficaces, mal tolérés, voire contre-indiqués. Les patients ont alors à leur disposition des méthodes dites locales (injections de PgE1, Vacuum voire implants).

 

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9628