Après une transplantation rénale

Quel suivi en médecine générale ?

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Publié le 20/11/2017
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Au-delà des 3 mois après la transplantation, le suivi du patient transplanté rénal se fait selon des modalités établies entre l'équipe de transplantation et les différents professionnels de santé. Si le suivi immunologique reste du ressort de l'équipe de transplantation, le médecin généraliste joue un rôle important pour le suivi médical et urologique. « Une attention particulière est notamment portée à la diurèse, la créatininémie et la glycémie, qui peut être modifiée par le traitement immunosuppresseur », rappelle le Dr Julien Branchereau (CHU Nantes).

Au premier plan dans la prévention des risques et l’observance

La pression artérielle doit être mesurée systématiquement à chaque consultation. Une hypertension artérielle peut en effet se développer secondairement au traitement immunosuppresseur ou à la prise de poids, mais elle peut aussi faire poser la question d'une sténose de l'artère rénale du transplant. Le médecin traitant est au premier plan pour la prévention du risque cardiovasculaire, notamment la prise en charge des facteurs de risque. Le sevrage tabagique est impératif, dans le cadre de la prévention du risque cardiovasculaire mais aussi du cancer de la vessie, plus fréquent et de moins bon pronostic chez le transplanté rénal. « Un patient transplanté ne doit pas fumer », insiste le Dr Branchereau, avant de souligner l'importance de l'éducation du patient à cet égard. L'observance du traitement immunosuppresseur est également un enjeu majeur, et elle n'est malheureusement pas toujours optimale chez les patients les plus jeunes, qui se trouvent ainsi exposés à un risque de perte du transplant. « Tout un travail est fait dans ce sens dans les centres de transplantation, mais les consultations chez le généraliste sont un relais essentiel pour améliorer l'observance thérapeutique », indique le Dr Branchereau.

Une surveillance urologique et dermatologique étroite

Les complications infectieuses, notamment les infections urinaires, et carcinologiques propres au traitement immunosuppresseur impliquent bien sûr une surveillance étroite. Tous les patients doivent bénéficier d'une consultation dermatologique au moins une fois par an afin de dépister un carcinome épidermoïde.

Au niveau urologique, il est important de prévenir par des mesures hygiénodiététiques les infections urinaires basses, car elles peuvent faire le lit d'une pyélonéphrite du transplant. La réalisation d'une bandelette urinaire est recommandée à chaque consultation. Chez la femme, une infection urinaire basse doit être traitée en fonction des données de l l’ECBU et non pas par un traitement minute probabiliste. Et la survenue d'une hématurie doit faire réaliser un bilan urologique : ECBU et échographie du bas appareil urinaire en première intention avant d'adresser rapidement le patient à l'urologue afin de rechercher un calcul ou une tumeur urothéliale. « Les lithiases peuvent très vite se compliquer en raison de l'absence d'innervation de la capsule et donc de douleurs », rappelle le Dr Branchereau. De même un adénome de la prostate peut passer inaperçu. Une échographie du transplant est ainsi préconisée annuellement pour rechercher une dilatation des cavités ou une sténose artérielle, sans oublier le dépistage individualisé du cancer de la prostate.

D'après un entretien avec le Dr Julien Branchereau (CHU Nantes).  
Recommandations HAS. Suivi ambulatoire de l'adulte transplanté rénal au-delà de 3 mois après transplantation. Novembre 2007  

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9620