Mortalité accrue chez les coronariens

À testostérone basse, problème de cœur

Publié le 22/10/2010
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Crédit photo : S Toubon

DES DONNÉES suggérant qu’un taux bas de testostérone chez les hommes peut être associé à un risque cardiovasculaire accru s’additionnent actuellement. Ainsi, des taux bas de testostérone plutôt que hauts chez des hommes ont été associés à différents risques cardiovasculaires, tels qu’un un profil lipidique athérogène, une insulinorésistance, une obésité et un profil prothrombotique.

Par ailleurs, d’autres travaux montrent a contrario que la testostérone a des effets positifs chez des hommes souffrant de maladie cardiaque. La testostérone est un puissant vasodilatateur coronaire (via une action antagoniste des canaux calciques) et augmente le seuil angineux. Un traitement par la testostérone réduit le cholestérol total, la masse grasse, le tour de taille et les cytokines associées à l’athérosclérose, le diabète et le syndrome métabolique.

Dans la population masculine vieillissante, un taux de testostérone plasmatique bas est courant, avoisinant 30 % des sujets de plus de 60 ans dans les études.

Dans l’étude EPIC-Norfolk, en excluant les hommes souffrant de maladies cardiovasculaire, on trouve que la mortalité de toutes causes et la mortalité cardiovasculaire s’accroissent pour chaque réduction de 6 nmol/l de testostérone sérique.

Jusqu’ici aucune étude ne s’était intéressée au cas des hommes coronariens. La relation s’applique-t-elle à ces sujets ? Chris Malkin et coll. ont documenté cette interrogation en conduisant une étude avec deux objectifs : évaluer l’impact du statut en testostérone sur la mortalité de toutes causes chez des hommes ayant une maladie coronaire préexistante et ensuite, identifier la prévalence d’un déficit en testostérone chez des hommes souffrant de pathologie coronaire.

Un suivi de sept ans.

L’étude prospective de suivi de cohorte a été menée chez 930 patients consécutifs, devant subir une angiographie pour une symptomatologie coronaire. Ils ont ensuite été suivis en moyenne pendant pratiquement sept ans.

Dans ce groupe, la prévalence du déficit en testostérone biodisponible est de 20,9 % ; elle est de 16,9 % pour la testostérone totale et de 24 % quand on considère les deux.

Un excès de mortalité est noté dans le groupe à taux de testostérone bas comparativement au groupe à taux normal : 21 % versus 12 % (p = 0,002).

« Ce qui ressort d’important est qu’un taux bas de testostérone, défini par une testostérone biodisponible < 2,6 nmol/l, apparaît comme un indicateur prédictif de mortalité cardiovasculaire de toutes causes chez le coronarien. »

Quelles sont les implications de cette étude en pratique clinique ? Devait-on inclure la mesure de la testostérone dans l’évaluation du risque cardiovasculaire, interrogent des éditorialistes.

Une difficulté à plaider d’emblée pour une telle pratique tient à la difficulté de séparer les sujets ayant un déclin physiologique en testostérone de ceux ayant un hypogonadisme léger. De plus, en pratique clinique, la découverte d’un taux bas en testostérone doit être confirmée par des dosages répétés.

« Il y a eu une augmentation marquée de la prescription de testostérone au cours des dernières années. Il reste à démontrer si cela a un impact à long terme sur l’état cardiovasculaire. »

D’un autre côté, une supplémentation en testostérone n’est pas dénuée de risques. Cela peut, entre autres, augmenter le risque de maladies de la prostate, d’érythrocytose et d’apnée obstructive du sommeil.

« Quoi qu’il en soit, les résultats encourageants actuels confirment l’intérêt de rechercher les effets d’une supplémentation en testostérone dans les maladies cardiovasculaires dans de plus grandes études cliniques. »

Chris Malkin et coll. Heart, 20 octobre 2010.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8842