2012 aura été une année sans pour la profession. Selon les premiers chiffres issus des AGA, les recettes des généralistes ont fait du surplace l’an passé et leurs bénéfices ont même baissé de 1,7 %. En cause, une activité atone et un exercice sans revalorisations puisque les primes de ROSP ne sont tombées qu’en mars 2013 et que la généralisation du forfait médecin traitant n’interviendra que le 1er juillet.
L’année 2012 n’a pas été marquée par la fin du monde, comme certains l’avaient annoncé… Mais cela aura quand même été une année sans pour les généralistes. Mine de rien, cela faisait huit ans (- 5,1 % en 2004) que l’on n’avait pas retrouvé un aussi mauvais cru pour vos bénéfices. L’an passé, l’exercice s’est soldé par une croissance zéro pour les recettes des généralistes et par une baisse de 1,7 % pour leurs revenus selon le tout premier bilan dévoilé cette semaine par l’UNASA (Union Nationale des Associations Agréées), principale fédération d’AGA qui compte 19 135 généralistes parmi ses adhérents (voir infographie).
2012 marque donc un renversement de tendance ou, à tout le moins, une pause dans la progression de vos revenus, après un bond de 6,7 % en 2011. Dopée par le C à 23 euros, la médecine générale faisait même, cette année-là, la course en tête en marquant la plus forte progression de revenus des médecins libéraux… Rien de tel à espérer pour 2012, même s’il faudra attendre quelques jours avant que l’UNASA ne révèle les chiffres dans les autres spécialités.
Épidémies apathiques, revalos homéopathiques
La contre-performance est d’autant plus marquée qu’il faut compter cette année-là avec une inflation non négligeable de 2 %, soit à peu près la même chose qu’en 2011. Pour autant, l’enlisement des revenus des médecins généralistes n’est pas vraiment une surprise. Présentant le bilan des dépenses 2012, la CNAMTS avait annoncé en février dernier -1,2 % sur le poste généralistes. La Caisse explique la « faiblesse » des remboursements par « l’absence d’épisode épidémique important ». Côté activité, en effet, l’épidémie de grippe qui a sévi en France en février-mars 2012 a été d’importance modérée avec environ 1,5 million de personnes poussant la porte d’un cabinet à cette occasion contre 2,2 millions en 2011.
Au volume d’activité en baisse, il faut ajouter un effet prix quasi nul. Alors que 2011 était l’année du C à 23 euros, 2012 a été une année pratiquement sans revalorisations, à l’exception du cumul frottis + C et du nouveau V-Alzheimer. Depuis fin mars 2012, en effet, les médecins généralistes ont la possibilité de coter 56 euros cette visite bilan qui ne peut, cependant, être appliqué qu’une fois par an et dans des conditions restrictives. Sur un an, environ 14 400 visites longues seraient réalisées, ce qui signifie que moins d’un confrère sur trois la cote. 2012 signe donc une activité atone, des revalorisations homéopathiques, mais aussi une reprise de la croissance de vos charges. C’est ce qui explique d’ailleurs qu’avec des recettes stables, les bénéfices des généralistes régressent (-1,7 %). Probablement une conséquence du fameux effet de ciseaux : les charges sont généralement plus lourdes après une année faste. Les frais ont ainsi augmenté en 2012 de 3,8 % pour les charges de personnel et de 5 % pour les impôts et taxes. Au total, un généraliste conserve en moyenne 56,8 % de son chiffre d’affaires en bénéfice en 2012, soit un peu moins que l’année précédente (57,4 %). Les charges sont particulièrement lourdes pour le quart de généralistes les moins aisés pour lesquels coûts salariaux et impôts et taxes augmentent respectivement de 12,8 et 6,6 %.
Revenus moyens : 80 000 euros
Au total, l’UNASA chiffre à 80 762 euros le revenu d’un généraliste (pour presque 150 000 euros de recettes). C’est, bien entendu, une moyenne puisque le quart le moins fortuné de la profession gagne autour de 35 000 euros alors que les plus aisés avoisinent les 142 000 euros. Pour autant, la méforme de 2012, ne devrait pas a priori contrecarrer une évolution de long terme qui voit la médecine générale se rapprocher des disciplines cliniques ces dernières années.
Tout indique en effet que 2013 devrait renouer avec la croissance… L’activité est repartie à la hausse, en début d’année, avec une épidémie de grippe record pour sa durée. Le réseau Sentinelles a comptabilisé 3,5 millions de consultations pour syndromes grippaux, alors qu’elles n’étaient que de l’ordre de 1,5 million en 2012. En outre, des revalorisations non négligeables sont attendues. Certaines ont déjà été servies. Entrée en vigueur en 2012, la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) a valu ses premières primes aux généralistes en mars 2013. Elles ont représenté, en moyenne, environ 5 000 euros de revenus supplémentaires pour les généralistes, ce qui équivaut grosso modo à une hausse d’un euro sur le C.
À cela s’ajoutera à partir du 1er juillet prochain la généralisation du forfait médecin traitant qui représentera cinq euros par an et par patient (hors ALD) et devrait rapporter entre 3 500 et 4 000 euros par médecin traitant et par an. Un complément tarifaire de cinq euros sera également versé aux généralistes pour chaque consultation de tout patient âgé de 85 ans et plus. Les praticiens auront aussi la possibilité de facturer à hauteur de 2C ou 2V, soit 46 euros, deux nouveaux actes longs à certains patients qui sortent de l’hôpital. Tout cela laisse présager que, sauf mauvaises surprises, 2013 devrait être une bonne année pour les généralistes. Patience...