BPCO

Attention aux « déclineurs » rapides

Publié le 22/11/2019
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Chez les sujets atteints de BPCO, le vieillissement pulmonaire est similaire à celui des sujets sains… à condition que la pathologie respiratoire soit parfaitement contrôlée et les facteurs de risque pulmonaire limités au maximum.
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Crédit photo : SPL/PHANIE


Le vieillissement pulmonaire se manifeste par une dégradation globale des fonctions respiratoires et non respiratoires du poumon (mécanique ventilatoire, échanges gazeux, fonction immunologique), très variable selon les individus et sous la dépendance du vieillissement simultané des autres organes mais aussi de l'existence d'autres facteurs de risque.

Les études s’accordent sur le fait que la vitesse de dégradation de la fonction pulmonaire serait similaire entre un individu sain et un malade atteint de BPCO ou d’un asthme. Ceci uniquement dans la mesure où la pathologie est correctement traitée et équilibrée, que la personne ne souffre pas d’exacerbation et que les facteurs de risque environnementaux (tabac, humidité, moisissures, etc.) sont écartés. Cependant, reconnaît le Dr Matthieu Larrousse, pneumologue (CHI Toulon – Seyne-sur-Mer), « c’est rarement le cas en pratique, avec une dégradation généralement plus rapide chez les insuffisants respiratoires chroniques. Comme cette vitesse de progression est propre à chacun, des mesures répétées de la fonction respiratoire (deux à trois fois dans les trois ans suivant le diagnostic) permettent de dessiner un profil évolutif du patient ». On pourra ainsi repérer des « déclineurs » rapides nécessitant une prise en charge plus étroite. 

Bienfaits de la réadaptation

Chez les patients BPCO, en dehors du sevrage tabagique, indispensable pour freiner la dégradation pulmonaire (voir ci-dessous), la réadaptation respiratoire (RR) permet au patient« d’améliorer sa qualité de vie, de soulager ses symptômes, d’anticiper les exacerbations. Elle l’aide à être le plus autonome possible, à mieux comprendre et gérer sa maladie », résume le pneumologue Daniel Piperno (Lyon). « Ses bienfaits proviennent du fait qu’elle permet d’améliorer considérablement la distension thoracique », ajoute Matthieu Larrousse, ce paramètre étant davantage corrélé à la qualité de vie que le VEMS.

Reste que moins de 10 % des patients souffrant d’une BPCO ont accès à la RR et ce chiffre est encore plus faible dans les autres pathologies respiratoires chroniques. Le développement de programmes ambulatoires pourrait être une solution, comme le suggère l’expérience menée dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Un an après la fin du stage à domicile, « la tolérance à l’effort et les capacités physiques, la qualité de vie, l’anxiété et la dépression, étaient améliorées de manière significative », précise le Dr Jean-Marie Grosbois, pneumologue responsable de la société FormAction Santé, qui gère ce programme à domicile.

Les médicaments ont aussi un intérêt pour limiter la dégradation de la fonction pulmonaire, notamment en réduisant les exacerbations.

La prévention des infections respiratoires via la vaccination antigrippale et anti-pneumococcique est aussi essentielle. Enfin, l’évitement de l’exposition à des produits toxiques, à la pollution atmosphérique en général, à l’humidité et aux moisissures dans les lieux de vie, etc. fait partie des mesures préventives environnementales.

Priorité au sevrage tabagique

Quel que soit le stade de la maladie et l’importance ou la durée du tabagisme, arrêter de fumer représente un bénéfice pour les patients BPCO, en stabilisant la capacité respiratoire et en réduisant le risque d’exacerbations. Après l’arrêt, le VEMS s’améliore de façon partielle et précoce, et on constate une meilleure réponse aux bronchodilatateurs et aux corticoïdes inhalés. Indépendamment du VEMS, on observe aussi une diminution de l’hyperréactivité bronchique. Les micronodules présents sur les scanners des BPCO fumeurs disparaissent un an après l’arrêt du tabac.

Pourtant, 10 à 30 % des patients BPCO inclus dans la cohorte française Palomb conservent un tabagisme persistant. Les sujets BPCO sont souvent plus dépendants à la nicotine et davantage exposés à la dépression, ce qui renforce les difficultés du sevrage.
Pour autant, la prise en charge multidisciplinaire associant une consultation de tabacologie et le traitement de substitution nicotinique permet 35 % d’arrêts à un an.

Alors que la cigarette électronique est souvent plébiscitée par les patients, chez les malades respiratoires il est préférable d’utiliser un des produits recommandés pour l’arrêt du tabac et remboursés en France, estiment la Société de pneumologie de langue française et la Société francophone de tabacologie.


Hélène Joubert

Source : Le Généraliste: 2889