Les décès consécutifs à une infection par le Sars-Cov-2 en 2021 impliquaient, dans plus de 50 % des cas, une comorbidité ou une complication respiratoire, suivies, dans 37 % des cas, d’une maladie de l’appareil circulatoire (1). « L’inflammation majeure qui peut survenir à la phase aiguë de la maladie a un retentissement myocardique très important, avec un risque d’ischémie myocardique, de dysfonction ventriculaire gauche et droite, d’arythmies aux deux étages (qui constituent la première complication de l’orage cytokinique), de thrombose veineuse et parfois artérielle, et d’atteinte péricardique », explique Pr Ariel Cohen (hôpital Saint-Antoine, AP-HP). La survenue d’une fibrillation atriale au cours de l’hospitalisation, qui concerne environ 15 % des patients, est un facteur indépendant de mortalité intra-hospitalière.
Chez les patients qui présentent des symptômes à long terme – surtout des femmes de 40 à 60 ans –, les manifestations de type neurologique sont les plus fréquentes. Sur le plan cardiovasculaire, ce sont les troubles dysautonomiques, tels que palpitations ou hypotension orthostatique, qui dominent.
VIH et artériopathie des membres inférieurs
Chez les personnes vivant avec le VIH, les complications cardiovasculaires à type de myocardite et péricardite ont disparu, dans les pays développés, avec l’arrivée des antirétroviraux. En revanche, le surrisque d’infarctus du myocarde, surtout de type 2, persiste, en partie lié à l’usage de drogues illicites.
Ces patients sont également exposés à un risque accru d’artériopathie des membres inférieurs. Ce surrisque est associé à l’immunodépression, il est plus marqué chez ceux ayant un compte de CD4 bas et une charge virale élevée, selon les données de la cohorte des vétérans américaine (donc chez des patients qui n’ont pas le même profil qu’en Europe).
De plus, des données américaines suggèrent une augmentation du risque d’insuffisance cardiaque chez des patients traités par antiprotéases mais, là encore, le profil des patients est particulier (population de femmes afro-américaines précaires, hypertendues, obèses et diabétiques). Une étude australienne a, de son côté, mis en évidence un possible risque de stéatose cardiaque, pouvant être associée à une fibrose.
Dans le domaine de la prévention primaire, la prise en charge de la dyslipidémie est aujourd’hui débattue. « Une statine est recommandée chez les sujets à risque, mais ils sont difficiles à identifier en pratique », prévient le Pr Franck Boccara (hôpital Saint-Antoine, AP-HP).
Le VHC, un facteur de risque modifiable
Autre infection associée à de conséquences cardiovasculaires : celle par le VHC. Parmi les manifestations extra-hépatiques qui lui sont imputables, la lymphoprolifération, mais aussi des atteintes cardiovasculaires, le diabète de type 2 (OR = 1,6) et l’insuffisance rénale chronique (OR = 1,5).
Le risque de coronaropathie et de syndrome coronaire aigu est augmenté de 25 %, celui de plaque carotidienne est multiplié par deux et celui de décès cardiovasculaire de 65 % plus élevé que dans la population non infectée. En cause, plusieurs mécanismes : invasion de la paroi artérielle, altérations de cascades métaboliques, inflammation de bas grade, qui entraînent des atteintes macrovasculaires, mais aussi microvasculaires, à l’origine d’une vascularite cryoglobulinémique.
« Le VHC est cependant un facteur de risque modifiable, souligne le Dr Matheus Vieira (La Pitié-Salpêtrière, AP-HP), une réponse virologique soutenue sous traitement est associée à une réduction très nette du risque d’événement cardiovasculaire, et ce, indépendamment du degré de fibrose hépatique. »
La réponse au traitement réduit le risque CV, indépendamment du degré de fibrose
La dengue, une maladie émergente
Peu connue jusqu’alors sous nos latitudes, « la dengue mérite d’autant plus l’attention des praticiens de métropole qu’apparaissent des premiers cas autochtones, signale la Dr Marie Jaspard (Paris). Plus d’une centaine de cas ont été rapportés ces dernières années, trois à Paris sur la seule année 2023 ». Il s’agit d’une infection à Flavivirus transmise par les moustiques du genre Aedes, qui appartient à l’entité des fièvres hémorragiques virales. Si elle est dans la majorité des cas bénigne, prenant la forme d’un syndrome grippal apparaissant après 4 à 10 jours d’incubation, elle peut se manifester par un syndrome hémorragique (plus fréquent en cas de deuxième infection) ou un choc. Une atteinte cardiaque, secondaire à une dysfonction endothéliale et une nécrose myocardique, est possible, surtout dans les formes graves, qui sont grevées d’une mortalité de 20 %.
(1) Fouillet A et al. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(26):554-69
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