Eat’s OK : une appli pour un accompagnement nutritionnel adapté à la prise de médicaments

Par
Publié le 26/08/2024

La société Pharmacodietetics lance l’application Eat’s OK pour accompagner les patients sur le plan nutritionnel en prévenant les risques d’interactions médicamenteuses.

Selon la base de données Thériaque, la pharmacopée disponible en France contiendrait plus de 50 interactions connues entre les aliments et les médicaments. De ce constat est ainsi né le projet Eat’s OK, une application d’accompagnement nutritionnel personnalisé qui prévient les risques d’interactions et aide les usagers à avoir une alimentation adaptée à leurs besoins.

« L’alimentation est un point qui peut poser des difficultés pour les patients et les aidants, l’objectif est de les rassurer et de leur faciliter le quotidien avec plusieurs objectifs thérapeutiques », introduit Grégory Guilbert, docteur en pharmacie et fondateur de la société Pharmacodietetics.

L’objectif d’Eat’s OK est ainsi d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs aidants, de prévenir les risques iatrogènes et d’augmenter l’observance médicamenteuse. S’appuyant sur plusieurs bases de données des médicaments, l’outil prodigue des recommandations exhaustives sur les interactions et la nutrition. Disponible sur les stores, l’application fonctionne grâce à un abonnement à partir de 4 euros par mois.

Après une carrière dans la vente et le marketing, Grégory Guilbert a souhaité se réorienter vers des études de pharmacie. C’est face à « la charge qui repose sur les professionnels de santé, les attentes des patients sur les conseils relatifs à leurs traitements médicamenteux et le manque de structuration de ces informations », que le pharmacien a l’idée de se lancer dans le développement d’une appli. « La gestion des repas peut devenir un vrai casse-tête, et il est important que l’alimentation soit synonyme de plaisir et non de privation ».

Un outil personnalisé pour chaque ordonnance

Une fois l’application installée et un compte créé, l’utilisateur a accès à différentes fonctionnalités. Il faut tout d’abord scanner les codes-barres des différents traitements et renseigner les posologies prescrites. À partir de ces informations, l’application indique les aliments à éviter et propose des idées de recettes prenant également en compte les contraintes hygiénodiététiques de certaines pathologies, les allergies et les préférences alimentaires. Un semainier des différents menus sélectionnés peut être constitué et une liste de courses générée.

« Pharmaciens et diététiciens ont développé Eat’s OK et nous pouvons proposer près de 1 000 recettes pour tous les goûts », explique Grégory Guilbert. Certaines classes médicamenteuses bénéficieront d’actions différenciées, c’est le cas pour les anti-vitamines K pour lesquels, une fois renseignés, l’application évalue la consommation habituelle de l’utilisateur et ajuste ses propositions pour l’apport en vitamine K. Des alertes sont ensuite activées pour prendre le traitement ou arrêter la prise de certains aliments. L’application contient aussi du contenu informatif sous forme d’articles et de vidéos, dont des recettes préparées par des chefs cuisiniers.

« Les interactions répertoriées sont de trois natures », détaille le fondateur, citant les interactions pharmacocinétiques (le pamplemousse et le cytochrome P450), pharmacochimiques (le calcium qui se lie aux antibiotiques) et pharmacodynamiques (les diurétiques et l’hypokaliémie). Pour les interactions pharmacochimiques et cinétiques, l’application sert à éviter certains aliments ; pour celles pharmacodynamiques, elle adapte l’alimentation, notamment en s’assurant de prévenir les carences.


Accompagner pour améliorer l’observance

« Il y a vraiment un enjeu d’amélioration de l’observance médicamenteuse », poursuit Grégory Guilbert. Le fondateur prend ainsi l’exemple des traitements antiparkinsoniens qui nécessitent de respecter un intervalle de deux heures entre les repas et la prise, avant et après. « Améliorer l’observance se fait dans plusieurs dimensions, pas que par l’éducation thérapeutique. Les retours de l’application nous permettront aussi d’estimer la part de la iatrogénie imputable aux interactions ou à l’observance », argumente-t-il, évoquant qu’il peut être compliqué pour les patients de mémoriser correctement les consignes de prises et hygiénodiététiques.

La société souhaite réaliser d’ici à 2025 des études cliniques sur l’efficacité de leur outil et la pertinence de ce type d’intervention ; et développer dans les prochains mois de nouvelles fonctionnalités. Ainsi, les utilisateurs pourront consulter librement des fiches médicaments qui listeront informations et interactions possibles, ou encore commander leurs courses depuis l’application avec les menus sélectionnés. L’équipe projette d’intégrer les compléments alimentaires à l’application. Enfin, elle souhaite collaborer avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) en dispensant des ateliers de cuisine auprès des patients.

Prochainement une plateforme d’aide, dédiée aux professionnels de santé, sera ouverte, et la société prévoit de développer une autre application de prévention des interactions destinée à la restauration hospitalière.


Source : lequotidiendumedecin.fr