Rhumatologie

L’arthrose sous mauvaise influence

Publié le 10/05/2019
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Différentes données présentées lors du congrès mondial des maladies ostéo-articulaires (congrès WCO-IOF-ESCEO, Paris, 4-7 avril) suggèrent que le diabète et dans une moindre mesure les maladies cardiovasculaires pourraient favoriser la survenue d’une arthrose ou en compliquer l’évolution.
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Crédit photo : PASIEKA/SPL/PHANIE

Si les comorbidités des rhumatismes inflammatoires sont de mieux en mieux documentées, celles de l’arthrose sont encore peu connues. Pourtant, certains travaux récents retrouvent un lien fort entre arthrose, diabète et maladies cardiovasculaires (CV).

Selon une étude des Centers for Disease Control and Prevention aux états-Unis, presque la moitié (47,3 %) des diabétiques de type 2 présentent des signes d’arthrose sur au moins une articulation. Une partie de ce lien peut s’expliquer par l’âge des diabétiques et leur tendance au surpoids et à l’obésité. Mais cela ne fait pas tout, et il semble que des facteurs physiopathologiques propres puissent jouer un rôle. L’hyperglycémie associée à l’insulino-résistance agit sur le cartilage en réduisant la différentiation mésangiale en chondrocytes et en majorant l’excrétion de métalloprotéases. En outre, l’état inflammatoire chronique lié au diabète et la synthèse de facteurs pro-angiogéniques impactent la synovie. Enfin, en cas d’évolution prolongée, les dysglycémies peuvent induire des lésions de la moelle osseuse qui vont avoir des répercussions sur l’os sous-chondral. Par ailleurs, parce qu’une obésité ou un surpoids sont souvent associés au diabète, le taux de cytokines pro-inflammatoires est augmenté, ce qui induit des lésions articulaires. Du fait de l’impact mécanique du poids sur les articulations, on observe aussi une sécrétion de leptine qui promeut une apoptose des chondrocytes.

Lorsque l’arthrose évolue et qu’un remplacement articulaire est nécessaire, les patients atteints de diabète de type 2 ont un risque majoré d’infections postopératoires. Enfin, il semble que ces patients aient davantage besoin que les autres d’une révision de prothèse ultérieure.

Outre la perte de poids et l’activité physique modérée, l’utilisation de pioglitazone pourrait permettre une certaine protection.

Concernant le lien entre maladies CV et arthrose, une étude menée par C. Roubille et al. (Montpellier) s’est intéressée à l’impact de différentes comorbidités sur l’évolution d’une arthrose symptomatique du genou ou de la hanche. Seuls les patients non obèses atteints de pathologies CV ont vu leur score radiologique se modifier (risque multiplié par 2,6). Le risque d’arthroplastie du genou, pour sa part, a été multiplié par 3,4. En revanche, aucun lien n’a été retrouvé entre maladies CV et évolution de l’arthrose de hanche. En l’absence d’explication physiopathologique, les auteurs recommandent d’intégrer la recherche d’arthrose du genou au suivi des patients atteints de pathologies CV.

BRÈVES DU CONGRÈS


Plus de protéines, plus de chutes ?

Voilà qui peut sembler paradoxal : selon une étude présentée par le Dr Nicola Veronese (Padoue, Italie) une consommation accrue de protéines majore le risque de chutes chez les personnes âgées. Dans ce travail mené sur 4 450 adultes non institutionnalisés suivis pendant 8 ans, le risque de chute était majoré de 11 % chez les sujets du quartile le plus élevé en apports protéiniques par rapport au quartile le plus bas. Pour le chercheur italien, ce résultat étonnant pourrait s’expliquer par le fait que « les personnes qui consomment davantage de protéines sont celles qui ont l’activité physique la plus importante et dont le poids est le plus élevé ».

Arthrose : espoirs déçus pour la vitamine D

Si les études observationnelles laissent à penser que la vitamine D pourrait être utilisée pour minorer les symptômes d’arthrose, la méta-analyse des 8 études randomisées publiées sur le sujet ne retrouve qu’un effet statistiquement significatif mais très faible sur la douleur (- 14 %) et la fonctionnalité (+ 19 %). En revanche, aucun effet n’a été constaté sur la progression structurelle de la maladie et sur le volume du cartilage.

85 %

Après une première fracture ostéoporotique, le risque de récidive est multiplié par cinq dans les deux ans qui suivent. Pourtant, dans cette situation, la très grande majorité (85 %) des Françaises de plus de 50 ans ne bénéficient pas de traitement préventif secondaire. Ce chiffre issu du rapport de l’International Osteoporosis Foundation (IOF) fait de la France le plus mauvais élève des pays analysés (France, Allemagne, Italie, Espagne, Suède, Royaume-Uni).

Dr Isabelle Catala

Source : lequotidiendumedecin.fr