Nutrition

L’obésité commence au berceau

Publié le 13/12/2013
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La prévalence de l’obésité ne cesse de croitre en France et près d’un tiers des Français sont en surpoids. D’où l’importance de la mise en évidence des déterminants précoces de cette pathologie et le rôle clé des actions de prévention chez l’adolescent. C’est ce qu’ont rappelé les intervenants du colloque « L’obésité à tous les âges » organisé à Paris le 22 novembre dernier par le Groupe Pasteur Mutualité.

Crédit photo : RUTH JENKINSON/SPL/PHANIE

Selon le Pr Sebastien Czernichow (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt), on estime qu’ en 2012, 32,3% des Français étaient en surpoids (IMC entre 25 et 30 kg/m2) et que 15% présentaient une obésité.

De plus, l’obésité morbide (IMC ›40kg/m2) touche 1,2% de la population, c’est-à-dire 550 000 personnes, alors qu’elle ne concernait que 0,3% des Français en 1997. Ultime constat : depuis 1997, le nombre de personnes en surpoids s’est stabilisé, mais celui des obèses a quasiment doublé, les catégories socio-économiques défavorisées étant les plus touchées.

Autant de faits qui incitent à se pencher sur les déterminants précoces de cette maladie pour tenter de mieux la comprendre. Le Pr Marie-Aline Charles (diabétologue, Inserm U 1018) a détaillé ces facteurs multiples qui déterminent, dès la vie fœtale, l’obésité future de l’adulte, à commencer par le poids et le statut glycémique de la mère. Les enfants d’une mère en surpoids ou atteinte d’un diabète ont généralement une croissance fœtale accélérée, un poids de naissance supérieur et une susceptibilité accrue au surpoids avec IMC élevé, masse maigre et grasse étant augmentées. Pourtant, il faut savoir que la restriction nutritionnelle pendant la vie fœtale expose aussi à l’excès de masse grasse. L’enfant tend, en effet, dans ce cas, à orienter son métabolisme pour bénéficier au maximum des apports dont il dispose. Et ce mécanisme est conservé après la naissance.

Autre facteur important : le tabagisme maternel. Les études concordent pour le dire : le tabagisme est associé à un IMC élevé du bébé. Dans la période périnatale, un facteur comme l’allaitement artificiel pourrait jouer un rôle, car un excès de protéines dans les laits infantiles semble prédisposer à un gain de poids rapide. Il faut cependant noter que que la composition en protéine des laits est aujourd’hui réduite.

Une activité physique dès trois ans pour limiter la masse grasse

L’environnement psycho-social, parait avoir également un impact. Un enfant de milieu social défavorisé tend ainsi à développer une obésité vers cinq ans indépendamment de son activité physique et de son alimentation. Le rôle d’une relation mère-enfant de mauvaise qualité est aussi mis en avant. Autre facteur important l’activité physique, qui pourrait, dès l’âge de trois ans, limiter la masse grasse et augmenter la masse maigre.

Enfin, les gènes de susceptibilité à l’obésité influenceraient le comportement alimentaire dès la naissance.

Ils sont, en effet, liés à une plus grande vitesse de prise alimentaire aux repas.

Les facteurs épigénétiques (comme la méthylation de l’ADN qui entraîne ou non la lecture d’un gène) joueraient, quant à eux, un rôle en pré- fécondation, en période in utero et pendant les premières années de la vie, pendant lesquelles les divisions cellulaires sont importantes. Ils pourraient entraîner une différenciation vers plus ou moins de cellules musculaires et/ou adipeuses.


Source : lequotidiendumedecin.fr