« Le concert de cette année fut émouvant pour tout ce groupe orchestral », confie la Dr Mathilde Lucas, médecin en physique et de réadaptation à Douarnenez dans le Finistère et présidente de l’association depuis 2020. En effet, une des organisatrices a perdu une amie des suites d’un cancer du sein. Le concert du week-end dernier (26 octobre au grand théâtre d’Angers) rendait également hommage à l’une des musiciennes de l’orchestre, harpiste âgée de 35 ans et atteinte de cette maladie. Diagnostiquée il y a un an et demi, elle a suivi des traitements intensifs incluant chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie, mais depuis un an, elle est en phase de réponse complète. « Pendant le discours d’ouverture et tout au long du concert, nous étions sous le coup de l’émotion en pensant à elle. Nous n’avions jamais ressenti avec cette intensité le pouvoir de la musique », se remémore, la voix tremblante, la Dr Lucas.
Les 250 médecins qui composent l’Orchestre symphonique des médecins de France (OSMF) se produisent une fois par an dans différentes régions de l’hexagone. Cette année, le concert reverse ses gains à l’association Comité féminin 49, engagé dans la prévention des cancers du sein, du col de l’utérus et du cancer colorectal sur le département du Maine-et-Loire.
Lille, Dijon, Toulouse, Marseille, Valence, Rennes, Nancy, Lyon… l’OSMF est une association constituée de médecins musiciens originaires de toute la France et ayant au moins un niveau de troisième cycle de conservatoire. Créé initialement par trois médecins, les Drs Farcas, Gallinet et Roignot, cet orchestre à but philanthropique s’inspire du World Doctors Orchestra, un orchestre de médecins du monde entier.
Les morceaux choisis ont mis à l’honneur des compositrices, « un vrai défi » pour Flavien Bloy, chef d’orchestre professionnel qui dirige les musiciens depuis 2018. Les compositrices sont rares, et beaucoup d’entre elles demeurent dans l’ombre. Parmi les œuvres interprétées figuraient Orion, de Kaija Saariaho, et le célèbre concerto pour violon en ré mineur du Finlandais Jean Sibelius, au cours duquel l’orchestre aura eu le plaisir d’accompagner la violoniste franco-américaine de renommée internationale, Elissa Cassini.
Le 27 octobre, l’orchestre s’est produit au Musée des Beaux-Arts d’Angers. Les visiteurs pouvaient croiser des musiciens disséminés dans tout le musée regroupés en formations de musique de chambre. « J’ai eu le plaisir de jouer avec Elissa Cassini, et ce fut un moment très fort », explique la Dr Mathilde Lucas.
Une médecin passionnée par le violon
Violoniste depuis l’âge de 7 ans, la praticienne a rejoint l’orchestre en 2017. Pendant ses études, elle « a tenu à continuer le violon ». Ses semaines étaient rythmées entre le conservatoire et la faculté de médecine, une pratique encouragée par l’une de ses professeures de violon, qui estimait « que les personnes poursuivant de longues études avaient la rigueur nécessaire pour continuer à jouer et maintenir un bon niveau ».
« La bienveillance et l’énergie sont incroyables. Nous sommes comme une grande famille »
La Dr Lucas a intégré l’orchestre par hasard. Un jour, alors qu’elle était en sixième année, sa mère lui a montré un article culturel sur sa région natale, où était annoncé le concert de l’OSMF. « J’ai reconnu plusieurs médecins musiciens ; je les ai contactés “ni une ni deux”, et ils m’ont proposé de les rejoindre. »
La jeune praticienne est tombée sous le charme de l’orchestre. « La bienveillance et l’énergie sont incroyables. Tous les médecins-musiciens qui nous rejoignent ont hâte de revenir. Nous sommes comme une grande famille », s’enthousiasme la jeune praticienne. Deux passions se mêlent et, comme le confie Mathilde Lucas, leur force de travail et l’assiduité leur permettent de monter un concert en quelques jours. « C’est un véritable défi », reconnaît celle qui apprécie tout particulièrement cet aspect.
Les répétitions commencent quatre à cinq jours avant le concert. Ce sont des journées assez intenses, où chacun pose des congés, tandis que leurs collègues prennent le relais dans les services pour assurer la continuité des soins. Un noyau solide de musiciens se connaît depuis 2015, les nouveaux sont, eux, rapidement intégrés. Près de 90 % des musiciens participent depuis plusieurs sessions, et le renouvellement est limité, de 5 à 10 nouveaux membres par session.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
Guyane : circulation silencieuse du poliovirus, la couverture vaccinale insuffisante