L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) est avant tout une pathologie histologique : l’hyperplasie stromale et glandulaire concerne tous les hommes avec l’avancée en âge. Elle conduit, chez certains, à une augmentation du volume de la prostate. Une obstruction sous-vésicale peut éventuellement survenir, sans parallélisme cependant entre le volume prostatique et les signes urinaires. L’autonomie d’un homme âgé dépend donc exclusivement des symptômes ressentis, qui peuvent concerner la phase de vidange ou la phase de stockage.
Concernant les troubles de la vidange, comme une sonde à demeure en réponse à l’obstruction n’est pas toujours bien tolérée ni gérée, les fréquents épisodes de rétention sont une indication théorique à la chirurgie prostatique. Or, « chez ces patients plutôt âgés et souvent fragiles, sous anticoagulants, polymédiqués, avec une insuffisance respiratoire chronique, des fragilités cardiologiques, des fonctions supérieures altérées et pour qui l’hospitalisation peut être délétère, nous intervenions un peu à reculons », explique le Pr Jean-Nicolas Cornu (CHU de Rouen). Pour ces seniors fragiles, « on dispose désormais d’alternatives, avec la mise au point et la diffusion très rapide d’un certain nombre de techniques endoscopiques mini-invasives comme la pose d’implants UroLift intra-prostatiques, la technique Rezum par jet de vapeur d’eau, l’embolisation des artères prostatiques par voie radiologique et, en cours de développement, le iTIND, sortes de paniers en nitinol déployés au niveau du col vésical pour le maintenir ouvert. Ces thérapeutiques concurrencent la bithérapie médicamenteuse ». Plus conservatrices que les traitements ablatifs, elles ouvrent la voie à une approche séquentielle avec un traitement possiblement réitéré quelques années plus tard. En ce qui concerne les problèmes lors de la phase de stockage, avec le besoin de vider sa vessie très fréquemment, les alphabloquants/anticholinergiques pouvant être à l’origine de syndromes confusionnels, la stimulation du nerf tibial postérieur peut être utile dans les urgenturies.
Dans ce contexte, le Pr Cornu plaide pour la généralisation de consultations d’uro-gériatrie : « Il existe désormais des solutions chez les hommes âgés qui subissent dans leur vie quotidienne le retentissement de leur comportement mictionnel. Il ne faut plus aujourd’hui laisser un homme âgé et fragile seul avec ses problèmes urinaires liés à l’HBP. Facteur de mauvais pronostic, il en va de sa qualité de vie et de son autonomie. Il est probablement possible de rendre un service considérable à au moins la moitié d’entre eux, en évaluant la balance bénéfices-risques et en optant pour une solution plutôt mini-invasive. »
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