Vers une télésémiologie spécifique ?

Certaines limites de la téléconsultation peuvent-elles être contournées par une modification des pratiques ? Par exemple, l’absence d’examen physique peut-elle être compensée par la mise en place d’une nouvelle clinique plus adaptée à l’exercice à distance ?

Le Covid-19 et les difficultés pointées par les médecins pour évaluer à distance l’état respiratoire de leurs patients ont amené à se poser la question. Dans un premier temps, il a été par exemple proposé d’utiliser la vieille technique des empans (faire compter le patient le plus longtemps possible sans qu’il reprenne son souffle), un peu oubliée en pratique courante, pour juger de la présence ou non d’une dyspnée. Même si la méthode a rapidement montré ses limites, cela a ouvert la porte à une réflexion sur le sujet.

Auto-examen Au CHU d’Angers, le Pr Ludovic Martin et son équipe du centre de simulation en santé travaillent ainsi depuis plusieurs mois sur la télésémiologie, en partenariat avec l’entreprise de cabine de téléconsultation H4D. Plutôt que d’inventer une nouvelle sémiologie, ces chercheurs misent sur l’empowerment des patients. L’idée : déléguer certains gestes aux malades et pouvoir établir et valider des procédures leur permettant de s’auto-examiner. Par exemple, « pour une douleur de la fosse iliaque droite, après avoir éliminé des signes de gravité qui doivent conduire le patient directement aux urgences, on est capable de lui montrer à l’écran comment placer trois travers de doigt à tel endroit précis de la paroi abdominale, avec quelle force, etc. ».

Dans un premier temps, ces procédures seront testées sur une cohorte des patients standardisés (étudiants en médecine), puis sur de vrais patients.

Si ces recherches utilisent les cabines H4D, qui permettent d’être extrêmement reproductible, « on peut aussi très bien imaginer faire de la télésémiologie derrière un simple écran mais aussi en médecine militaire, aérospatiale, maritine, etc. », souligne le Pr Martin.