Sur la prévention, les Français « votent » généraliste

Publié le 20/11/2014

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Pas si simple pour le grand public de respecter les recos en matière de bonnes pratiques de santé ! C’est sur l’alcool et le tabac qu’elles seraient le mieux reçues selon une étude de la Fondation Pileje, dévoilée jeudi à l’occasion d’un colloque sur l’éducation à la santé organisé ce jeudi à l’Assemblée Nationale et intitulé « Aider les Français à devenir acteurs de leur santé ». Près de sept Français sur dix parviennent en effet à ne pas fumer et ils sont tout aussi nombreux (68 %) à limiter leur consommation d’alcool. Les autres recommandations (manger au moins 5 fruits et légumes par jour, avoir une activité physique régulière, modérer sa consommation de charcuterie…), ne sont suivies que par 28 à 36 % de la population. Toutefois, il faut y ajouter plus de 4 personnes sur 10 qui tentent de s’y conformer, mais avec moins de succès. Pas si mal, selon les auteurs de l’étude.

Au total, 57 % des Français suivent la majorité des recommandations, près du tiers (36 %) peuvent être qualifiés d’« adeptes contrariés » et 7 % ne cherchent aucunement à s’y conformer. L’étude révèle aussi que huit personnes sur dix pensent qu’un suivi plus régulier du médecin favoriserait le respect de ces recommandations. Et, pour plus de la moitié des Français, le généraliste jouerait un rôle particulièrement important. Ils sont par ailleurs 64 % à penser qu’une consultation médicale annuelle imposée serait efficace pour atteindre ces objectifs de prévention…

Si la prévention est devenu un impératif sanitaire, il est essentiel de se demander pourquoi elle n’est pas nécessairement suivie d’effets. « C’est pas si facile de faire changer les comportements », note le Dr. Jean-Michel Lecerf, membre de l’Institut Pasteur de Lille, coorganisateur de l’événement. Sans compter qu’ « il y a des choses qui ne relèvent pas de nos comportements » comme la génétique ou le hasard, souligne l’endocrinologue lillois. Une chose est sûre, les injonctions permanentes ne sont pas la meilleure façon de s’y prendre. Sortir du prescriptif pour entrer dans le discours pédagogique. Écouter le patient et s’attaquer à ses croyances. Il faut en somme l’informer et lui expliquer le sens des recommandations. Décrypter le sens de la formule « manger 5 fruits et légumes par jouer ». Analyser en quoi peut consister « la pratique quotidienne d’une activité physique ». L’essentiel étant de remettre le patient au centre des bonnes pratiques. Et lui faire entendre les avantages qui en résulteront. À côté des leviers, existent des freins. Une réalité qui doit être prise en compte. Ainsi que le soulignait l’un des intervenants, « chacun a des bonnes raisons de ne pas suivre les recommandations », chacun change à son rythme et à son niveau. Certains mécanismes psychologiques agissent également de telle sorte que le changement ne se décrète pas. Autre obstacle identifié : le système de santé. Imaginé pour soigner, il ne permettrait pas de prévenir. Et gagnerait, en ce sens, à être modifié pour permettre au soignant de faire davantage de pédagogie auprès de ses patients.

Luce Burnod

Source : lequotidiendumedecin.fr