Un régime enrichi en oméga 3 protégerait contre l’obésité et les phénomènes inflammatoires

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Publié le 22/02/2024
Microglies (en jaune, cellules immunitaires du cerveau), activées par la nature pro-inflammatoire d’un régime enrichi en huile de tournesol (microscopie à fluorescence).

Microglies (en jaune, cellules immunitaires du cerveau), activées par la nature pro-inflammatoire d’un régime enrichi en huile de tournesol (microscopie à fluorescence).
Crédit photo : © Clara Sanchez/Inserm

Une équipe de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire* a pu caractériser les effets variables d’un régime riche en lipide selon son ratio oméga 3/oméga 6. Ils ont ainsi pu conclure à un effet protecteur des omégas 3 sur la prise de poids, la régulation de l’homéostasie glucidique et le développement des troubles cognitifs chez des souris ; et un effet délétère des omégas 6 sur ces variables.

L’obésité est une pathologie de plus en plus prévalente aux comorbidités et risques associés nombreux. Une inflammation systémique et cérébrale y est très souvent retrouvée, ainsi que des troubles anxieux et cognitifs. Si les causes de l’obésité sont multiples et complexes, l’alimentation hyperlipidique est reconnue comme obésogène. Dans cette étude, les chercheurs se sont donc intéressés à l’implication dans le phénomène de neuro-inflammation des omégas 3, aux propriétés anti-inflammatoires, et des omégas 6, aux propriétés pro-inflammatoires, dont l’équilibre (le ratio) dans l’alimentation est primordial. En France, l’Anses recommande un ratio 1:5 (une molécule d’omégas 3 pour 5 molécules d’omégas 6) ; une préconisation qui varie selon les pays.

Tous les régimes hyperlipidiques ne se valent pas

L’équipe de recherche a travaillé sur des souris réparties en quatre bras : régime contrôle, régime hyperlipidique riche en omégas 6 (ratio élevé), équilibré en omégas 3 et 6, et riche en omégas 3 (ratio faible). Les rations d’omégas provenaient, soit d’huile de tournesol (riche en omégas 6), soit d’huile de colza (pour les omégas 3). Les souris étaient soumises à un cycle lumière/obscurité de 12 heures inversé (lumière éteinte à 8 heures) et avaient un libre accès à l’eau et la nourriture, changées tous les deux jours, durant 12 ou 20 semaines.

Les chercheurs ont observé des effets variables des différents régimes hyperlipidiques sur la prise de poids, le stockage de graisses, l’homéostasie glucidique, l’anxiété et les troubles cognitifs, et la neuro-inflammation. Les régimes riches en omégas 3 ont révélé des effets protecteurs sur ces paramètres, tandis que les régimes riches en omégas 6 ont eu des effets d’altération. Toutefois, il faut noter qu’en comparaison avec les souris du régime contrôle, toutes les souris des régimes hyperlipidiques, quel que soit le ratio, ont pris du poids. Cette prise a cependant eu lieu à différents moments : à partir de 9 semaines pour les régimes riches en omégas 6 et à partir de 13 semaines pour les omégas 3. De plus, à 20 semaines, les poids des souris ayant suivi le régime hyperlipidique riche en omégas 6 (ratio élevé) et des souris ayant suivi le régime équilibré en omégas 3 et 6, étaient similaires ; ces deux groupes de souris avaient augmenté leur prise alimentaire durant le temps d’observation.

De nouveaux mécanismes de l’inflammation

Les résultats de cette étude montrent également que « l’état inflammatoire dépend du type de régime auquel est exposé l’animal. Autrement dit, c’est le fait d’être nourri avec un régime riche en omégas 6 qui est responsable des phénomènes inflammatoires observés et non l’obésité elle-même », explique Clara Sanchez, chercheuse post-doctorante à l’Inserm et première autrice de l’article, dans le communiqué de l’Inserm. Ces conclusions sont une piste d’intervention diététique intéressante pour lutter contre l’obésité et ses conséquences. Enfin, lors de leurs expérimentations, les auteurs ont objectivé une modification de la forme des microglies hypothalamiques chez le modèle murin au régime riche en omégas 6. La suite de leurs travaux se concentrera sur le rôle de ces cellules dans l’obésité.

*Inserm, CNRS, Université Côte d’Azur


Source : lequotidiendumedecin.fr