Samedi 16 octobre, le Dr Pierre-Henri Daculsi, médecin urgentiste en mission pour Médecins sans frontières (MSF), arrive enfin à Tacloban, ville dévastée par le typhon Haiyan qui s’est abattu sur les Philippines le 8 octobre. L’Organisation des Nations unies y déplorait la semaine dernière 10 000 décès sur 860 000 habitants.
Depuis le mardi précédent, comme l’ensemble des organisations humanitaires, l’équipe de MSF, composée d’une douzaine de personnes (en majorité des logisticiens et trois médecins dont une Philippine et une Néo-Zélandaise) attendait sur l’île de Cebu le rétablissement des vols commerciaux.
Désormais présents sur les territoires les plus sinistrés, les humanitaires travaillent d’arrache-pied, les logisticiens déblaient les gravats, les médecins commencent à évaluer les besoins. Leur objectif premier : l’installation d’un hôpital gonflable sur le parking de l’hôpital Bethany, très endommagé par le typhon. « Dans l’idéal opérationnel en milieu de semaine », il devrait accueillir pendant quelques mois une quarantaine de lits de post-opératoire et de cas médicaux, avec une salle d’urgence, un bloc opératoire, et une maternité avec des lits de néonatalogie, précise le Dr Daculsi joint sur place par « le Quotidien ».
Parallèlement, une autre partie de l’équipe de MSF, qui ne cesse de s’agrandir, part organiser des consultations dans les environs de la ville, avec pansements, kits de désinfection, et traitements pour diverses pathologies.
Les organisations non gouvernementales (ONG) ou institutionnelles se réunissent chaque jour au ministère de la Santé philippin pour harmoniser leur action.
Infections respiratoires et traumatologie
Le Dr Daculsi a fait hier le tour des hôpitaux de la ville de Tacloban. « Ceux qui sont proches de la vague sont assez abîmés, le matériel à l’intérieur aussi, les toits sont arrachés, même si les structures en dur ont tenu debout », témoigne-t-il.
Sur les six hôpitaux, deux sont investis par le ministère de la Santé philippin. D’autres centres s’organisent pour faire des activités de consultations et de petite urgence et reçoivent entre 100 et 400 personnes chaque jour. Les ONG apportent du soutien. On compte trois structures avec une activité chirurgicale en bloc opératoire, dont un gonflable.
Selon le Dr Daculsi, les pathologies rencontrées sont en majorité des infections respiratoires, des blessures infectées, des fractures, des traumatismes lombaires ou rachidiens. Viennent ensuite des fièvres et diarrhées. Les patients chroniques, notamment les personnes hypertendues, consultent dans l’espoir d’obtenir leur traitement. « Il y a peu de lits d’hospitalisation. J’ai l’impression que les besoins ne sont pas très nombreux, mais peut-être est-ce parce que l’offre est mince », poursuit l’urgentiste.
Le Dr Daculsi ne craint guère les épidémies. « Depuis le typhon, la plupart des périodes d’incubation sont passées. On s’attend davantage à des pathologies endémiques comme la leptospirose ou la dengue. Il pourrait aussi y avoir la typhoïde car les conditions sanitaires sont médiocres. L’île n’est en revanche pas touchée par le paludisme, ni le choléra. »
Branle-bas de combat
Refusant l’abattement, les habitants de l’île sont au travail pour panser les plaies laissées par le typhon. « Les canalisations ne sont pas abîmées en soi, certains bâtiments retrouvent de l’eau. Les gens ont accès aux structures de soins. Les grands axes routiers sont dégagés, l’essence commence à arriver, même si le transport médical reste problématique », constate l’urgentiste.
L’heure est désormais à l’acheminement des secours dans les contrées reculées. Et à la préparation de l’avenir, qui reste sombre. « Les structures de soins et leur personnel qui est en train d’être rappelé vont avoir du mal à se remettre sur pied. Elles n’auront peut-être pas le temps de se rétablir avant que l’aide humanitaire ne parte », craint le Dr Daculsi.
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