Elle ne fait pas partie des six membres de l’Arche Zoé qui comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, accusés d’« exercice illicite de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption », « aide au séjour irrégulier » et « escroquerie » au préjudice de 358 familles accueillantes. C’est en tant que témoin que le Dr Isabelle Rile, médecin urgentiste, s’est présentée à la barre pour expliquer ses doutes quant à l’objet de l’opération à laquelle elle a participé en septembre 2007 avant de rentrer en France, incitant une journaliste et une infirmière à faire de même. Elle affirme avoir découvert sur place que les d’enfants n’étaient pour la plupart ni orphélin, ni du Darfour.
« Avec les mamas (africaines), on a cherché à savoir d’où ils venaient », a raconté le Dr Rile, qui s’est aperçue que les enfants accueillis dans le camp « Children rescue » à Abéché venaient de cette région du Tchad « pour la majorité, si ce n’est tous ». Un autre jour, alors que « les enfants (s’étaient) mis à pleurer », l’un d’entre eux, une petite fille, « a demandé sa mère ». Vérification faite auprès du traducteur, la fillette n’était pas orpheline. Les enfants pensaient venir à Abéché « pour aller à l’école », a poursuivi l’urgentiste.
Elle interpelle alors Éric Breteau, le président de l’Arche de Zoé, absent à l’audience, et le Dr Philippe Van Winkerlberg, tous deux prévenus, sur le fait que les enfants avaient des parents.
Pas de catastrophe médicale
En réponse, « ils m’ont expliqué qu’ils étaient malheureux, qu’ils étaient en Afrique », a-t-elle précisé. Le Dr Rile rétorque aux organisateurs de l’opération - elle décrit Éric Breteau comme un « manipulateur » que la pauvreté des gens sur place ne justifiait pas pour autant de « leur enlever leurs enfants ». Selon elle, ces enfants « étaient en bonne santé » et « en bonne forme ». Elle précise : « ils n’étaient pas dénutris » et ne « se trouvaient psychologiquement bien, si ce n’est qu’ils se retrouvaient sans leurs familles ... ». Pour elle, « il n’y avait pas de catastrophe médicale du tout ».
Et ce n’est qu’après, au gré de conversations qu’elle a pu surprendre, qu’elle comprend que ces enfants qui ignoraient tout de leur sort étaient là pour être adoptés. La présidente Marie-Françoise Guidolin lance alors une question : « Ils venaient faire leur marché en Afrique ? ». Réponse du Dr Rile : « C’est ce qu’on a cru comprendre ». Lorsqu’elle comprend, le médecin urgentiste exprime son désir de rentrer. « Je pensais que cela se terminerait très mal, je ne voulais pas rester », a-t-elle précisé.
Le 27 octobre 2007, l’avion transportant 103 enfants en partance pour la France était retenu au sol par les autorités tchadiennes. Dix-sept Européens dont neuf Français (six membres de l’association et 3 journalistes) sont arrêtés. Cinq ans plus tard, des six prévenus, seulement 4 sont présents dont le Dr Philippe van Winkelberg. Les deux responsables de l’association Éric Breteau et Émilie Lelouch, actuellement installés en Afrique du Sud ont indiqué qu’ils ne se présenteraient pas devant le tribunal correctionnel.
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