La prison ferme a été requise contre Éric Breteau, absent du procès de l’Arche de Zoé, mais omniprésent dans les débats. Contre le Dr Philippe van Winkelberg, le procureur a demandé un an avec sursis. Le généraliste de Castellane annonce qu’il fera appel en cas de condamnation.
L’instigateur et organisateur de l’opération d’« exfiltration » des 103 enfants présentés en 2007 comme des orphelins du Darfour, président de l’Arche de Zoé, n’a pas comparu lors des six demi-journées d’audience devant le tribunal correctionnel de Paris. Mais le nom d’Éric Breteau a été cité dans tous les témoignages. Le décrivant comme « un pompier pyromane (...) épris de solution miracle », le procureur a requis contre lui une peine de trois ans de prison dont deux fermes, assortie d’un mandat d’arrêt international, pour escroquerie au préjudice des familles d’accueil, exercice illicite de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption et aide à l’entrée au séjour de mineurs en situation irrégulière.
8 à 18 mois de prison avec sursis pour 4 bénévoles
Contre les quatre bénévoles qui avaient participé à l’opération et qui avaient choisi d’être présents, des peines de huit à dix-huit mois de prison, assorties du sursis, ont été requises. « Si je n’obtiens pas de la relaxe, je ferai appel », annonce au « Quotidien » le Dr van Winkelberg, contre lequel le procureur a demandé un an de prison avec sursis.
« Je suis tout sauf procédurier, proteste-t-il, mais je ne pourrais pas accepter le principe d’une condamnation dans une affaire déjà jugée au Tchad, et où j’aurais moi-même été partie civile si je n’avais pas été le dernier des médecins à intervenir sur place pour effectuer les bilans médicaux des enfants. » Des enfants au sujet desquels il continue d’exprimer des doutes quant à leur nationalité et à leur statut d’orphelin.
Gueules cassées de l’humanitaire
Comme les autres bénévoles, l’infirmière Nadia Merimi, le logisticien Alain Péligat, ou le pompier Dominique Aubry, des « gueules cassées de l’humanitaire », selon l’un des avocats, le généraliste de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) a témoigné de sa « souffrance » et exprimé sa rancœur contre Éric Breteau : « Sur le fond, je ne doute pas que ses intentions étaient louables, explique-t-il, mais je lui en veux de ne pas avoir fourni des explications sur ses méthodes. Des questions restent aujourd’hui sans réponse, comme celle de savoir pourquoi il n’a pas mis au courant les chefs de village de son intention d’évacuer les enfants en France. »
Le Dr Isabelle Rile, médecin urgentiste qui avait participé aux préparatifs de l’opération en septembre 2007, est allée plus loin devant le tribunal qui l’entendait comme témoin, en décrivant le fondateur de l’Arche de Zoé comme « un manipulateur » ; à la présidente qui lui demandait : « ils (les responsables de l’association) venaient faire leur marché en Afrique ? », elle a répondu : « C’est ce qu’on a cru comprendre », décidant alors de regagner la France.
« C’est mon honneur de médecin qui est mis en cause »
Pour sa part, le Dr van Winkelberg dément catégoriquement qu’une sélection sérologique ait été effectuée : « Si des tests ont bien été réalisés (HIV, hépatite B et C), aucun des enfants que j’ai examinés n’a été écarté pour des raisons médicales, insiste-t-il, cela aurait été contraire à la déontologie et c’est mon honneur de médecin qui est mis en cause. »
Le généraliste estime qu’il aura pu faire valoir sa vérité devant la justice et il souligne que les autorités et élus locaux (maire, député, sous-préfet, patron du SDIS) sont venus témoigner en sa faveur, confirmant qu’il les avait informés de l’opération avant de s’envoler pour le Tchad. Tout le monde n’a donc pas participé au « bal des faux-culs et des amnésiques » fustigé par un avocat. Mais, déplore le Dr van Winkelberg, « dans toute cette affaire, des éléments géopolitiques restent nébuleux :notre arrestation sur l’aéroport d’Abéché a été effectuée par les autorités tchadiennes sur instruction de Paris. » Jugement le 12 février.
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