ARCHE DE ZOÉ, troisième round judiciaire. L’affaire avait éclaté le 27 octobre 2007, avec l’interception des membres de l’association sur l’aéroport tchadien d’Abéché, à proximité de la frontière du Darfour soudanais, alors qu’ils faisaient embarquer 103 enfants affublés de faux pansements. Des orphelins du Darfour, assuraient-ils. Des petits Tchadiens enlevés à leurs familles, accusaient les autorités de N’Djamena. Après un premier procès criminel devant la justice tchadienne et la grâce accordée finalement en 2008 par le président Idriss Déby, après une deuxième procédure, devant le tribunal de Digne, qui a débouté l’an dernier l’État tchadien qui réclamait le paiement de 6,3 millions d’euros (lire encadré), voici donc, à partir de lundi et jusqu’au 12 décembre prochain, devant la quinzième chambre du tribunal correctionnel de Paris, le troisième procès de l’Arche de Zoé, dit « volet français » de l’affaire. La justice poursuit Éric Breteau et Émilie Lelouch pour escroquerie, aide à l’entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France et exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue d’adoption. Mais le président de l’association et sa compagne pourraient bien ne pas être présents. Le couple vit actuellement en Afrique du Sud et fait savoir, par avocat interposé, qu’il a déjà été condamné au Tchad et que nul ne saurait être jugé deux fois pour les mêmes faits.
Quatre témoins clé
En revanche, le Dr Philippe van Winkelberg sera bien face à ses juges, annonce-t-il au « Quotidien », pour répondre du seul délit qui a été en définitive retenu contre lui, ainsi que contre le logisticien Alain Péligat, l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France. Le généraliste de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence), qui encourt dix ans de prison se déclare « serein, n’ayant rigoureusement rien à (se) reprocher ». Il invoque également l’argument de la chose déjà jugée. Mais surtout, il compte faire reconnaître sa bonne foi en produisant des témoins irrécusables : « Avant de m’embarquer pour le Tchad, explique-t-il, j’avais pris soin de rencontrer un certain nombre de personnalités, le sous-préfet, le maire et le directeur du SDIS de Castellane, ainsi que le président du conseil général des Alpes de Haute Provence. À chacun d’eux, j’avais annoncé que je partais avec une petite association dans le but de ramener des orphelins du Darfour qui se trouvaient en danger. Il ne pouvait s’agir dans mon esprit, ni pour mes interlocuteurs, d’une opération illégale conduite dans la clandestinité. Et mon avocate a cité ces quatre témoins pour l’attester. »
Le Dr van Winkelberg répète que ces enfants étaient bien en danger, comme il l’a constaté sur place, qu’il n’a posé aucun faux pansement sur aucun d’eux et que, dans de telles conditions, c’est l’absence d’assistance qui aurait été condamnable. « Je me garderai de refaire le monde, ajoute-t-il, mais je n’ai pu que constater sur le terrain que tous ces enfants avaient été abandonnés dans une impasse humanitaire par toutes les grandes structures associatives. »
Le généraliste de Castellane s’étonne encore de la « volte-face des autorités françaises, après que l’Arche de Zoé a tout d’abord bénéficié de l’assistance des militaires français. »
Tout en se voulant confiant, le médecin ne cache pas sa crainte d’être « emporté par une mauvaise vague judiciaire, comme lors du premier procès ». Il note que le parquet a adressé un courrier, signé du procureur, à chacune des 260 familles de donateurs de l’Arche, pour les inviter à se constituer partie civile. Cette pression se serait, selon lui, révélée vaine, une dizaine de familles devant être représentées devant le tribunal sur la quinzaine qui avaient déposé plainte en 2007. Le Dr van Winkelberg déplore aussi qu’aucune enquête n’ait été effectuée par la justice française pour établir si les 103 enfants étaient ou non des orphelins du Darfour.
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