Décisions d’arrêts de soins en cas de coma

Des critères variables en Europe

Publié le 23/06/2009
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CHAQUE ANNÉE, en Europe, on recense 230 000 patients dans le coma, dont 30 000 en état végétatif persistant. C’est l’un des sujets abordés à la conférence annuelle de la Société européenne de neurologie, qui réunit à Milan plus de 2 900 spécialistes. Avec des questions éthiques de plus en plus aiguës, face aux difficultés de diagnostic de l’état de conscience et aux différences d’attitude en Europe.

Il est ainsi généralement admis, souligne le Pr Gustave Moonen ( faculté de médecine de Liège),

qu’après plus d’un an en état végétatif chronique, l’arrêt de l’alimentation artificielle est justifiable d’un point de vue éthique. En revanche, il n’y a pas de consensus sur ce qui est acceptable en cas d’état de conscience minimale.

Les Prs Moonen et Steven Laureys (directeur du Coma Science Group, Liège) ont enquêté sur les décisions de fin de vie prises pour ces patients et leur étude, présentée à Milan, met en évidence les diversités de conduite. Environ 65 % des répondants (médecins, paramédicaux et professionnels non médicaux) jugent acceptable l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation pour les patients en état végétatif chronique et 29 % pour les patients en état de conscience minimale chronique. La majorité (78 %) considèrent qu’être en état végétatif chronique est pire que la mort pour la famille mais 51 % seulement que c’est pire que la mort pour le patient.

« Compte tenu du taux élevé d’erreurs de diagnostic chez ces patients, il est nécessaire d’avoir des critères de soins distincts pour l’état de conscience minimale et pour l’état végétatif », insiste le Pr Moonen.

Deux autres études des équipes de Liège sont présentées au congrès. La première (à paraître dans « Pediatric Neurology ») rapporte cinq cas de locked-in syndrome chez des enfants, dont l’un a survécu jusqu’à 11 ans, ce qui, selon les auteurs, doit inciter les médecins à rechercher et interpréter attentivement les signes chez les jeunes présumés dans le coma. La deuxième (à paraître dans « Human Brain Mapping ») montre, à l’IRM fonctionnelle, des différences significatives entre l’état végétatif et la mort cérébrale.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr