CLÉMENT COGNEAU est le premier étudiant brestois à avoir pu bénéficier d’une convention unique en France qui offre aux internes la possibilité de partir effectuer à l’étranger une mission humanitaire. Pour cet étudiant en 2e année d’internat de médecine générale, l’aventure a commencé en novembre 2012 et s’est achevée en avril dernier. Six mois passés au nord-est du Congo-Brazzaville, non loin de la République centrafricaine, et intégrés dans son cursus.
Après avoir été pré-sélectionné à la faculté, l’étudiant doit faire acte de candidature auprès de MSF. Un entretien obligatoire qui est en soi une première épreuve pour lui. « Il s’agit pour nous d’évaluer son habilité à adopter notre philosophie et notre façon d’être, explique le Dr Danielle Heinrich, référent technique du pool des médecins à MSF, en charge du recrutement de ces étudiants. Finalement, nous allons plus nous attacher à évaluer davantage les valeurs humaines de l’étudiant, comme par exemple le respect de la pluri-culturalité, que ses compétences techniques puisqu’il a déjà été retenu par les enseignants. »
Une proposition motivante.
Pour Clément Cogneau, la proposition est motivante ; elle est une opportunité de concrétiser son intérêt pour les ONG et les missions humanitaires. « En 2003, j’avais déjà effectué un séjour à l’étranger, au Burkina-Faso en l’occurrence, raconte-t-il. Il s’agissait de participer à une action de solidarité. J’avais eu le béguin pour l’Afrique. Ce stage de six mois a été pour moi l’occasion d’y retourner et aussi de découvrir une autre culture et un système de santé différent ».
En charge du secteur de pédiatrie dans cet « hôpital » de Bétou (d’environ 90 lits), dans le cadre d’un programme réactivé par MSF en novembre 2009 lors de l’arrivée de dizaines de milliers de personnes (1) qui fuyaient un conflit en République Démocratique du Congo, Clément Cogneau devait prendre en charge environ 40 enfants et gérait une équipe d’une vingtaine d’infirmiers, aides-soignants et assistants nutritionnels originaires de RDC et réfugiés eux aussi. Chaque mois, 450 patients sont admis à l’hôpital de Bétou, dont la moitié en maternité et près d’un tiers en pédiatrie. Paludisme, diarrhée, méningites, infections respiratoires… sont les principales raisons d’hospitalisation. Un contexte extraordinaire pour l’étudiant Brestois.
« J’avais auparavant effectué un stage en pédiatrie à Quimper, explique-t-il. Mais, bien entendu, on ne peut pas calquer un modèle européen de prise en charge dans cet environnement. Le maître mot de ce stage reste l’adaptabilité. Il faut s’adapter à une organisation qui oblige à soigner avec très peu de moyens et à modifier sa propre notion de l’urgence. Du coup, je devais trouver des compromis avec le reste de l’équipe quand je considérais que les choses ne se mettaient pas en place assez vite alors qu’un enfant allait très mal. J’ai dû aussi m’adapter au fait que j’étais plutôt isolé dans mon exercice. Heureusement que j’avais téléchargé sur mon ordinateur un livre d’infectiologie, que j’ai beaucoup consulté… »
Situation d’apprentissage humain.
Le récit que l’étudiant donne de son expérience illustre tout à fait l’objectif poursuivi par la faculté. « À travers ces missions, il s’agit de mettre nos étudiants en situation d’apprentissage humain et technique, souligne le Pr Jean-Luc Carré, en charge des relations internationales. Ils ont moins de matériel et moins de médicaments disponibles Sur le plan humain, c’est l’occasion de se confronter à des patients, des pratiques et des conceptions culturelles de la médecine différents. Même en Bretagne, des patients viennent d’Afrique ou d’Asie. Mais au-delà de l’origine géographique de la patientèle, nous cherchons à former des médecins qui sont capables de s’adapter à une population qui change. »
MSF, de son côté, inaugure avec Brest, et avec l’université de Picardie très récemment, une forme de partenariat qui permet à l’ONG de se faire connaître du monde universitaire, d’imaginer déjà la création à terme d’un DU en médecine humanitaire avec Brest, voire d’un master, et, ainsi, de trouver, comme l’espère le Dr Danielle Heinrich, « des ressources humaines de qualité que MSF pourra accompagner ensuite vers d’autres missions et pourquoi pas vers des fonctions de coordinateur de terrain ».
(1) En décembre 2011, le Haut-commissariat aux Réfugiés estimait la population réfugiée dans le district de Bétou à plus de 59 000 personnes.
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