À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, UNICEF publie les résultats d’une consultation lancée avec le soutien de l’institut TNS-Sofrès auprès de 22 500 âgés de 6 à 18 ans. Une première. Pour l’occasion, l’UNICEF a décidé d’aller à la rencontre de ces jeunes sur leur lieu privilégié d’intégration sociale : l’école.
Un projet de grande ampleur, destiné à « évaluer leur bien-être dans la vie quotidienne et leur perception quant à l’exercice de leurs droits ». Puis : « à mesurer les conséquences de la pauvreté », justifie Michèle Barzach, présidente d’UNICEF France.
Quadruple peine des exclus
Les enfants et adolescents ont été interrogés entre février et juillet 2013 dans toute la France. Ils devaient répondre par oui ou par non à 133 affirmations du type « Je me sens en sécurité chez moi », ou encore « Je mange trois repas par jour ». Une étude à la fois « réjouissante » et « attristante », selon les mots de Catherine Dolto, médecin et membre du comité de parrainage de l’UNICEF France. Réjouissante parce qu’elle annonce une intégration sociale assurée pour 82 % des répondants. Attristante parce qu’elle met en lumière la spirale négative dans laquelle les 18 % restants sont confrontés.
Ces « exclus », explique Michèle Barzach, dont l’intégration sociale est jugée précaire, « sont dans une quadruple peine ». Elle constate avec dépit : « Plus un enfant est dans la précarité plus il a des difficultés à s’intégrer dans tous les secteurs de sa vie, santé compris. »
Accès à la santé
Un très fort taux de corrélation a été retrouvé entre le niveau d’intégration sociale et le niveau d’accès à la santé. Parmi les 7 % des enfants à l’intégration « très précaire », 40 % ont un accès aux soins limité. En revanche, 94 % des enfants dont l’intégration est assurée bénéficient d’un accès facilité. Outre ces disparités en matière d’accès à la santé, l’étude a pointé des failles dans le domaine de la prévention. Tandis qu’un adolescent sur 5 fume, seulement 83 % disent avoir été sensibilisés à l’usage de la cigarette.
Autres chiffres alarmants : plus de la moitié des ados disent pouvoir se procurer facilement de l’alcool dans les commerces et près de 30 % rapportent avoir consommé de l’alcool en quantité importante. « À partir de 15 ans, l’intégration sociale se dégrade », explicite Serge Paugam, sociologue et responsable de l’analyse des résultats.
L’étude confirme la vulnérabilité des collégiens et des lycéens. « Beaucoup d’ados sont sensibilisés mais il y a dans cette période de la vie une excessive prise de risque », constate le sociologue. Mais ce n’est pas tout. Cette population est aussi celle qui rapporte, pour 40 % des jeunes interrogés, avoir été sollicité pour consommer de la drogue, et à 8 % pour en diffuser. Plus inquiétant encore : 30 % se disent non informés sur la nécessité d’utiliser des préservatifs en guise de prévention du VIH.
L’école, un lieu de vulnérabilité
Lieu d’intégration sociale à part entière, l’école souffre aussi de certaines insuffisances. Un enfant sur trois ne trouve personne pour se confier dans le système scolaire. Et seulement 62 % affirment qu’il y a une infirmière dans leur établissement. Enfin, seule la moitié d’entre eux dit connaître des services de soins psychologiques pour enfants et adolescents. Mises en parallèle avec les chiffres de harcèlement scolaire – 55 % se disent potentiellement harcelés par d’autres jeunes –, ces proportions alertent sur le manque de protection en milieu scolaire, « l’école étant ce lieu de grande vulnérabilité, selon Serge Paugam, où débute préférentiellement le processus de disqualification sociale ».
Pour contrer ce cercle vicieux, la présidente d’UNICEF France lance un appel aux autorités : « La priorité doit aller au plus vulnérable, parce que plus on vient en aide aux discriminés et plus on fait avancer l’ensemble du secteur. » Des plus démunis qui risquent de constituer une « génération sacrifiée ». Pour conclure,elle souligne les insuffisances globales révélées par la consultation, en particulier sur les politiques de prévention : « La prévention est catastrophique en France, regrette la présidente d’UNICEF France. Nous sommes quasiment les derniers des pays de l’OCDE. Un travail très profond des politiques de prévention est indispensable. » Le Dr Catherine Dolto n’hésite pas à orienter les actions vers la prévention précoce : « Il faut commencer par bien s’occuper des femmes enceintes et des parents des tout-petits.Rien ne sera fait en aide aux enfants sans l’aide des parents », conclut le Dr Dolto.
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