LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Après Haïti, la Libye, Marrakech, le Japon, sur quels terrains l’EPRUS est-il aujourd’hui engagé ?
MARC MEUNIER : La majorité de nos missions concerne l’Outre-mer, soumis depuis plusieurs mois à des épidémies d’arboviroses. Relativement isolés, ces territoires ont besoin d’un appui de la métropole. En 2013, nous avons mené une longue mission en Guyane sur la dengue. Puis nous avons aidé la Polynésie Française à mettre en place un système de suivi de la dengue et de zika et à prendre des mesures de lutte antivectorielle.
Depuis le début de l’année, les Antilles sont confrontés au chikungunya. Le directeur général de la santé, Benoît Vallet, et moi-même nous sommes rendus en février en Guadeloupe où nous avons une mission d’appui à l’Agence régionale de la Santé. Nous venons d’envoyer en Martinique un réserviste directeur d’hôpital pour aider l’ARS à prévenir un afflux de patients.
L’EPRUS intervient également à l’étranger. Deux épidémiologistes se sont relayés pendant 6 semaines auprès du gouvernement Guinéen pour mettre en place un suivi épidémiologique du virus Ebola.
En France nous venons d’assurer une mission prudentielle dans le cadre du 60e anniversaire du Débarquement. Nous étions chargés de sécuriser sur le plan médical deux trains qui amenaient des vétérans dans le Calvados le 6 juin. Plus classiquement, on a apporté du matériel issu du poste sanitaire mobile 3 (PSM3)* et 9 réservistes au CHU de Caen et dans les postes médicaux avancés sur les lieux des manifestations.
Combien l’EPRUS compte-t-elle de réservistes ?
Une doctrine d’emploi de la réserve sanitaire a été élaborée par la DGS précisant les conditions de recrutement de nos réservistes, en fonction d’un scénario comprenant 2 à 3 missions à l’étranger, et une grosse en France. Il nous faut 1 500 réservistes, on en a 1 641 et quelque 3 500 autres sont en cours d’engagement, susceptibles d’être appelés si on ne trouve pas le bon profil parmi les premiers. Dans l’idéal, il faudrait sensibiliser toute la population médicale et paramédicale à une culture de l’urgence.
Le décret du 7 janvier 2013 sur l’urgence sanitaire fait de l’EPRUS l’animateur du réseau des cellules d’urgences médico-psychologiques (CUMP). Qu’est-ce à dire ?
C’est une nouvelle mission qui conforte l’EPRUS, qui a 7 ans, l’âge de raison, comme un acteur de la gestion de crise. Ce décret suivi de 3 arrêtés, créé réglementairement les CUMP qui existent depuis longtemps mais hors de tout cadre et confie à l’EPRUS l’animation du réseau des psychiatres référents départementaux.
Nous avons réuni ce mercredi 4 juin les 7 psychiatres référents zonaux correspondant aux 7 centres de défenses, autour du psychiatre référent national, le Pr Didier Cremniter, réserviste. Il s’agit de travailler à une harmonisation des méthodes de travail d’un département à un autre, car en cas de catastrophe, plusieurs CUMP seront mobilisées.
Nous allons aussi aider les ARS à établir leurs plans zonaux de mobilisation (PZM), en faisant un bilan de leurs ressources et en anticipant celles que l’EPRUS pourrait leur fournir. Et, via à notre commission d’expertise sur les moyens sanitaires opérationnels, l’EPRUS est chargé de revoir la composition des PSM1 et 2 et d’acquérir un logiciel de gestion qui soit commun à tous les établissements de santé.
*Le PSM3, passé fin 2013 du giron de l’assistance-publique hôpitaux de Paris (APHP) à celui de l’EPRUS, mais toujours basé à l’hôpital Henri Mondor, est une base logistique permettant de prendre en charge des centaines de blessés dans un environnement hostile. Le PSM2, (1 à 2 par région, propriété des établissements de santé), peut recevoir 500 blessés graves d’un coup, le PSM1 (un par département), 25 patients.
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