À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, Médecins du monde (MDM) expose sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris les portraits d’anonymes, sous le titre « Regardons la précarité en face ». Youssouf, Imre, Marco, Jean-Michel, Armelle, Najat : ils sont le visage de la pauvreté aujourd’hui, qui se traduit par le renoncement au soin, la malnutrition, la rue, les squats, les troubles psychologiques...
Ils sont quelques-uns parmi les 29 960 personnes exclues du système de santé qui ont été reçues dans ses vingt centres d’accueil, de soins, et d’orientation (CASO) de MDM, en 2013, selon le rapport de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins en France, que l’ONG publie en parallèle.
« Les inégalités de santé restent fortes, les situations de précarité se dégradent », commente Jean-François Corty, directeur des missions France à MDM.
La quasi-totalité (97 %) des patients des CASO vit sous le seuil de pauvreté, 27 % n’ont aucune ressource. Pour la plupart, ce sont des hommes jeunes (33 ans), originaires d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Union européenne. « Nos patients ont faim », dénonce Jean-François Corty. Près de 80 % des foyers sont en situation d’insécurité alimentaire. Ils sont toujours plus nombreux à n’avoir pas de toit : 19 % sont sans domicile fixe ou en hébergement d’urgence, contre 15 % l’an passé. Et 90 % des enfants habitent des logements insalubres, des squats, des campements, des hôtels...
21 % de renoncement aux soins
Plus de la moitié (57 %) des usagers des CASO souffrent de pathologies chroniques. Les troubles de la santé mentale touchent 11 % des patients, l’état de santé bucco-dentaire est mauvais (les plus de 40 ans ont en moyenne 7 dents absentes non remplacées).
Pourtant, en raison de problèmes financiers, d’une méconnaissance de leurs droits, et de la complexité des démarches, 88 % des patients des CASO n’ont aucun droit ouvert à l’assurance-maladie, alors que via l’aide médicale d’État, les trois quarts devraient y avoir accès. Conséquence, 36 % des personnes ont recours à des soins trop tardivement, et 21 % y renoncent. Les femmes enceintes sont 42 % à présenter un retard de suivi de grossesse et un tiers des mineurs présentent un retard dans les vaccinations obligatoires et recommandées.
MDM demande la simplification de l’accès aux soins, grâce à la fusion de l’aide médicale d’Etat dans le dispositif CMU, la généralisation du tiers payant, et l’élévation du seuil d’attribution de la CMU-Complémentaire à celui du seuil de pauvreté. L’ONG réclame également l’ouverture expérimentale d’une salle de consommation à moindre risque (SCMR) et un accès inconditionnel aux nouvelles molécules de l’hépatite C, notamment en soumettant le Sovaldi au régime de la licence d’office.
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