KABOUL, Afghanistan, lundi 1er avril. Le Dr Éric Cheysson, président de la Chaîne de l’Espoir, signe avec la société de construction pakistanaise Echo West International le contrat de construction de l’extension de l’Institut médical français pour les enfants. Les travaux de fondations ont débuté autour de la première pierre posée en octobre. Dès décembre 2014, les Afghanes pourront accoucher en sécurité dans une maternité répondant aux normes les plus exigeantes.
Ce projet est la continuité d’un rêve ébauché en 2001, au lendemain de la chute des Talibans. Le Dr Cheysson, chirurgien vasculaire à Pontoise, s’était pourtant promis après un premier voyage en 1981 de ne jamais revenir en Afghanistan. Il échange cette promesse contre une autre. Alors qu’il visite une école de jeunes filles financée en partie par son ONG, une succession de rencontres (avec l’infirmière humanitaire Kate Rowlands, des enfants afghans, ou encore la comédienne Muriel Robin et la journaliste Marine Jacquemin) le conduit à tenter l’impensable : édifier un hôpital de haut niveau à Kaboul.
L’Institut médical français pour l’enfant (IMFE) ouvre en 2005. « Il était impossible de rénover les hôpitaux existants, comme Indira Gandhi. On voulait un nouvel hôpital, avec une technologie de pointe, un fleuron, une arme de paix ! » explique Éric Cheysson. « Ce fut un coup de dé. En 2001, tout était possible en Afghanistan. La générosité était possible », reconnaît-il. L’IMFE a coûté 9 millions d’euros pour sa construction, puis 7 à 8 millions d’euros de fonctionnement par an, couverts à 35 % par les revenus de l’hôpital. Chaque patient qui y entre est soumis à une enquête administrative, pour déterminer ses ressources, en fonction desquelles il finance son séjour. Les indigents sont hébergés dans la maison de Kate. Mais rien n’aurait été possible sans les financements du réseau de développement Aga Khan - qui en assure encore aujourd’hui le fonctionnement - et de nombreux partenaires privés, notamment Bouyghes.
L’hôpital pour enfant est bien devenu un hôpital de pointe, unique en Afghanistan, avec 2 scanners, un IRM, la seule réanimation du pays, des opérations à cœur ouvert et, parmi les 537 employés, une poignée d’anesthésistes et de chirurgiens cardiaques. En 2009, il a obtenu la certification ISO 9001. « C’est l’hôpital du dernier espoir », résume le Dr Cheysson. Plus de 80 000 consultations sont réalisées chaque année et 5 000 enfants y sont hospitalisés dans la centaine de lits disponibles. L’IMFE est aussi un lieu de formation. Depuis son ouverture, près de 2 000 médecins, infirmiers et anesthésistes sont partis des hôpitaux français pour l’Afghanistan.
Défi économique et culturel.
Si la construction d’un hôpital pour enfant tenait du pari fou, elle s’ancrait dans la frénésie d’un pays en pleine reconstruction. Depuis la Guerre en Irak, les cartes géopolitiques jouent en défaveur de tout projet occidental et l’enlèvement des journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier n’a pas rassuré des entrepreneurs. Mais le président de la Chaîne de l’Espoir refuse d’abandonner. Malgré la défection de Bouyghe, l’ONG obtient 9 millions d’euros de l’agence française de développement et 6 millions d’Aga Khan.
Comme l’IMFE, l’extension dédiée à la mère sera novatrice dans de nombreux domaines. « Il y a des maternités, mais elles sont dans un état de délabrement épouvantables. Une femme meurt toutes les 30 minutes en couche. Leur espérance de vie est moindre que celle des hommes (42 ans contre 44 ans). Nous allons donc construire le premier centre de gynécologie obstétrique avec un service de réanimation néonatale », annonce le Dr Cheysson.
La formation sera de nouveau au cœur du projet, avec la venue de sages-femmes, de gynécologues et d’obstétriciens Afghans en France pour des stages de 3 à 6 mois. Le Pr René Frydman, ancien chef de service à l’hôpital Béclère à Clamart, sera l’un des fers-de-lance de ce volet.
« Les troupes se retirent, et nous construisons un hôpital pour les femmes. C’est un symbole fort », insiste Éric Cheysson. Il faudra beaucoup de tact et de respect et il le sait. « On évitera les contacts entre les patientes et les hommes. Elles seront reçues par des sages-femmes et des hommes pourront intervenir sur des actes très techniques », explique-t-il. Le dialogue s’est déjà instauré dans l’aile pour les enfants, où la burqa n’est pas interdite, mais déconseillée.
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