Après un an et demi de présence en Syrie au cœur d’un conflit d’une extrême violence, Médecins sans frontières (MSF) tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. « Depuis le début en Syrie on a fait ce qu’on a pu. On n’a pas fait ce qu’on n’a voulu », confie Marie-Noëlle Rodrigue, directrice des opérations à MSF. « Nous sommes confrontés à d’énormes contraintes pour répondre de manière correcte aux besoins humanitaires liés à ce conflit », ajoute-t-elle.
Le Dr Marie Pierre Allie, présidente de MSF, demande que la question humanitaire soit désormais « traitée de façon prioritaire dans les négociations entre les belligérants au regard de la réalité de la situation » et que des pressions soient exercées « par les États influents, les États frontaliers, les Nations unies, et les bailleurs de fonds ». En attendant, « il faut faire preuve de pragmatisme et voir la situation telle qu’elle est aujourd’hui », poursuit la présidente de MSF.
Un système de santé brisé
À ce jour, MSF n’a pas accès aux territoires contrôlés par Damas, faute d’autorisation gouvernementale. « Même s’il n’y a pas d’accord, en particulier de la part de Damas, les ONG internationales doivent intervenir partout où elles le peuvent, quelle que soit l’autorité qui contrôle ces territoires », déclare le Dr Allie. Les premières opérations de MSF en Syrie ont été lancées en décembre 2011. « Jusqu’en juin 2012, notre aide s’est limitée au soutien de réseaux de médecins syriens... Puis à partir de juin 2012, nous avons été en mesure d’ouvrir un premier hôpital chirurgical dans le nord de la Syrie, en collaboration avec une organisation syrienne », raconte Marie-Noëlle Rodrigue. Si MSF a pu ouvrir aujourd’hui trois hôpitaux dans le nord du pays avec l’appui de 35 personnels internationaux et de 300 personnels syriens, l’aide demeure largement insuffisante au regard de l’ampleur des besoins. « Les programmes nationaux de santé publique ont été fortement perturbés, voire interrompus. La Syrie était un pays qui disposait de plateaux techniques et d’une prise en charge en santé publique extrêmement développée. Tout cela a été mis en péril par la guerre et les problématiques d’approvisionnement », Souligne Marie-Noëlle Rodrigue.
57 % des hôpitaux détruits
D’après les Nations unies, 57 % des hôpitaux du pays sont endommagés et 36 % ne fonctionnent pas « Au-delà des blessés de guerre, on est face à des malades chroniques qui ne savent plus où chercher leurs traitements. Des malades tuberculeux, des diabétiques, des personnes souffrant de pathologies cardiaques qui ont eu leurs traitements interrompus. Nous constatons aussi des débuts d’épidémies, nous incitant à réaliser quelques campagnes de vaccination dans certains sites lorsque l’accès le permet », décrit la directrice des opérations de MSF qui évoque des « opérations contraintes et clandestines » du fait notamment de grands problèmes de sécurité. « L’accès aux grandes villes demeure extrêmement complexe car elles sont l’épicentre du conflit », constate Marie-Noëlle Rodrigue. Elle décrit « des villes scindées en deux », « encerclées », « des opérations au sol, des snipers, des bombardements ». Dans ces conditions, y installer une équipe en permanence est particulièrement « dangereux ».
Les médecins syriens en danger
« Travailler en Syrie, c’est juste essayer de trouver une manière de collaborer au quotidien avec des gens qui pratiquent la médecine dans des conditions très difficiles. Et beaucoup de ces personnes ne sont ni médecins ni infirmiers. Ils sont dentistes ou parfois étudiants en tourisme, et prêtent main forte dans des postes médicaux avancés », souligne Audrey Landmann, coordinatrice MSF en Syrie. Grâce à ses trois hôpitaux mis en place dans le nord du pays, MSF a, à ce jour, soigné 16 000 patients et pratiqué 1 300 opérations chirurgicales. « On essaye aussi de faire du soutien aux structures de santé syriennes qui sont plus proches des zones d’affrontement. Malheureusement, nous avons un problème pour accéder à ces structures de santé, principalement pour des raisons de sécurité. Ce sont d’ailleurs les médecins syriens qui travaillent au quotidien dans les zones les plus dangereuses qui franchissent les lignes de front pour pouvoir venir chercher le matériel médical et les médicaments dont ils ont besoin », témoigne Audrey Landmann. Pour soutenir ses activités en Syrie et dans les pays limitrophes auprès des réfugiés syriens, MSF lance un appel aux dons via son site Internet.
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